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Zambie : l'opposition et la société civile dénoncent le recul de la liberté d'expression

Alors que des élections générales vont se dérouler le 12 août 2021, le président Edgar Lungu est accusé de museler toutes formes de contestation.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président de la Zambie, Edgar Lungu participe à une réunion de l'Union africaine à Addis Abeba le 17 janvier 2019. (MINASSE WONDIMU HAILU / ANADOLU AGENCY)

A quelques semaines des élections générales en Zambie, présidentielle et législatives se tiendront le 12 août 2021, l'état de santé de la démocratie dans le pays est pour le moins préoccupant. La synthèse dressée par Amnesty international est particulièrement critique."Les autorités ont réprimé les droits à la liberté d’expression, de réunion et d’association. Des journalistes, d’autres personnes travaillant dans les médias et des avocats ont été harcelés", écrit l'ONG.

Les manifestations de l'opposition sont sévèrement réprimées comme ici à Lusaka, la capitale de la Zambie, le 23 décembre  2020. Deux sympathisants du UPND ont trouvé la mort alors qu'ils réclamaient la libération de leur leader,  Hakainde Hichilema, interrogé par la police. (SALIM DAWOOD / AFP)

Le climat politique s'est détérioré depuis 2016, avec la réélection contestée par l'opposition du président Edgar Lungu. "Un climat de répression s'est installé" considère l'éditorialiste Deprose Muchena sur le site internet du Mail and Guardian sud-africain. "Au cours des cinq dernières années, il y a eu la création d'une société de la peur par la diabolisation de la société civile et de l'opposition politique", écrit-il encore.

"Diabolisation"

Modification de la constitution, loi sur la cybercriminalité jugée liberticide par l'opposition, arrestations d'opposants, fermeture des média trop critiques, la liste des accros à la démocratie est longue. En 2020, La chaîne d'information indépendante Prime TV se voit ainsi retirer son autorisation d'émettre. On lui reproche d'avoir refusé de diffuser des campagnes de sensibilisation à la lutte contre le Covid-19. Un contentieux réel, lié au non paiement par l'Etat d'une précédente campagne, qui cache mal l'agacement du pouvoir face à un media trop critique.

Un pays en faillite

Edgar Lungu s'apprête ainsi à se présenter devant les électeurs une seconde fois."Nous sommes fiers de notre bilan" , a-t-il déclaré en lançant sa campagne le 26 mai dernier. Pourtant la démocratie n'est pas la seule malade dans le pays. Le 18 novembre 2020, Christopher Mvunga, le gouverneur de la banque centrale zambienne annonçait ne plus payer aucun des créanciers du pays.

La Zambie est étouffée par une dette extérieure de plus de 27 milliards de dollars, dont le tiers avec la Chine. Une dette qui a doublé depuis qu’Edgar Lungu est au pouvoir, et dont le remboursement en 2020 s’élève à 4 milliards de dollars selon Oxfam.

La politique de grands travaux menée par Edgard Lungu, comme le pont de Kazungula sur le Zambèze, a plombé les finances du pays, minées par une dette colossale de 27 milliards de dollars. (MONIRUL BHUIYAN / AFP)

Avec l'espoir de redorer son blason économique, en avril dernier le gouvernement a pris le contrôle des mines de cuivre du pays. Une nationalisation qui ne dit pas son nom, avec l'objectif d'accroître les recettes publiques. Mais cela comporte le risque de faire fuir les investisseurs étrangers.

L'opposition unie

Pour cette élection présidentielle, Edgar Lungu va retrouver face à lui son rival de 2016, Hakainde Hichilema, qu'il n'avait devancé que de 100 000 voix dans un contexte d'abstention massive (43%). Pour avoir contesté le résultat, Hakainde Hichilema avait passé quatre mois en prison pour trahison. Cette fois il se retrouve à la tête d'une alliance de l'opposition qui pourrait bien lui offrir la victoire.

Un contexte qui laisse planer bien des inquiétudes sur la sérénité du scrutin.

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