Zambie: quels défis pour l'après-Sata?
Lors de son élection en 2011, le président Michael Sata promettait aux Zambiens d’adopter une attitude ferme, de «mordre» les multinationales minières, de faire affluer dans les caisses de l’Etat zambien les bénéfices d’un des sous-sols les plus riches en cuivre d’Afrique.
Arrivé au pouvoir, son ton s’est subitement adouci. Son retrait progressif des affaires en raison d’une longue maladie a fini d’achever son programme «musclé». Avec sa mort le 28 octobre, la Zambie pourrait se doter d'un nouveau gouvernement dynamique, capable de prendre les rênes de la croissance économique du pays. Pourtant, sur fond de manigances politiques, des adversaires de taille se dressent.
La question des mines
Les grandes compagnies minières n’ont pas attendu le décès de Michael Sata pour flairer la faiblesse du gouvernement zambien. Les canadiens de Barrick Gold, qui exploitent une mine de cuivre à Lumwana, ont déjà posé un ultimatum au futur gouvernement.
La compagnie, qui n’a extrait que 117.000 tonnes de cuivre d’un gisement qui en compterait près de 3.000.000 de tonnes, a menacé de se retirer du pays si le régime fiscal sur les compagnies minières était reformé.
Début octobre, dans ses prévisions de budget pour 2015, le gouvernement de Michael Sata envisageait en effet de faire passer l’impôt d’une taxation des bénéfices à une taxation de l’ensemble de la production. En retour, les taxes sur les profits seraient supprimées. Cette opération ferait passer les impôts de Barrick Gold de 45 millions à environ 150 millions de dollars.
Les scénarios pour la Zambie
La Zambie dispose d’atouts économiques considérables. La croissance dans le pays en 2014 devrait avoisiner les 7%. La Banque de développement africaine note que le secteur minier tire l'économie du reste du pays et une brouille entre les multinationales et le gouvernement pourrait avoir de lourdes conséquences. Les candidats à la nouvelle élection présidentielle devront donc trouver l'équilibre entre une attitude ferme contre les multinationales, populaire chez les Zambiens, avec la gestion des revenus de l’Etat.
La FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation) dresse quatre scénarios «extrêmes» pour le futur du pays. L’organisation isole le progrès économique de la bonne gouvernance du pays. L’objectif du gouvernement selon elle est de contrôler les compagnies minières (moteur de croissance) tout en réussissant à partager les revenus issus de cette industrie entre tous les Zambiens, par une bonne gestion.
Les alternatives, un retrait de l’industrie minière qui conduirait à une stagnation économique (dans un pays où 60% de la population est toujours en situation de pauvreté) ou une croissance économique mal gérée aboutissant à des inégalités trop importantes, seraient tragiques pour le pays.
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