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Zimbabwe: la rupture est consommée entre les vétérans et Robert Mugabe
Les vétérans ont été les piliers du régime de Robert Mugabe. Mais depuis juillet 2016, ils ont annoncé qu'ils ne soutiendraient pas sa candidature en 2018. En représailles, le pouvoir a choisi le harcèlement. Le procès de cinq responsables de l'association des anciens combattants, accusés de «saper» l'autorité du chef de l'Etat, débute le 22 novembre 2016. Chronique d'une rupture.
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Le divorce est acté entre le président zimbabwéen Robert Mugabe et ses anciens frères d’armes depuis juillet 2016. A tel point qu’il a déclaré pour la première fois le 18 novembre 2016, à l’issue d’une rencontre avec des résistants et des anciens prisonniers de guerre, que s'il envisageait de se retirer, il le ferait «correctement».
Il aurait affirmé, rapporte le site d’information sud-africain IOL, qu’il avait «vaincu» les Britanniques et les Américains. Cependant, «nous vivons une période critique… pour un changement de régime», a admis Robert Mugabe. Un revirement du bout des lèvres pour le dirigeant zimbabwéen qui avait assuré qu’il mourait président: il compte bien être le candidat du Zanu-PF, parti au pouvoir, en 2018. Ce qui le maintiendrait à la tête du pays jusqu’en 2023. Il aura alors 99 ans.
Les anciens combattants se cherchent un nouveau héros
Mais les vétérans, regroupés au sein de l'Association des vétérans de la guerre de libération du Zimbabwe (Zimbabwe National Liberation War Veterans' Association, ZNLWVA), soutien indéfectible de Robert Mugabe depuis l’indépendance en 1980, ne comptent plus lui apporter leur soutien cette fois-ci. La rupture entre Robert Mugabe et les vétérans a franchi un nouveau palier le week-end du 12 novembre 2016 quand l’exécutif de ZNLWVA a démis Robert Mugabe du poste de président d'honneur qu'il occupait depuis l'indépendance.
Après avoir modifié ses statuts, rapporte le Financial Gazette, l’organisation prépare maintenant une charte qui lui permettra de trouver le «meilleur candidat» à la présidence pour 2018. Au sein du Zanu-PF, dont les responsables sont accusés par les anciens combattants d'accaparer les ressources du pays, certains estiment que le vice-président Emmerson Mnangagwa serait le favori du ZNLWVA.
L'organisation a porté un coup fatal au régime de Mugabe depuis quelques mois déjà. «Nous notons avec inquiétude, choc et une totale consternation le renforcement des tendances dictatoriales incarnées par le président», constatait-elle dans son communiqué du 21 juillet 2016. «Nous déclarons (...) désormais qu'aux prochaines élections, nous ne soutiendrons pas un tel dirigeant.»
L'association a accusé Robert Mugabe d'être «responsable de l'énorme souffrance de la population destinée à servir son auto-glorification et celle de ses complices». Pour les anciens maquisards, la Zanu-PF a «lamentablement échoué à utiliser le mandat qui lui a été donné aux élections générales de 2013 pour résoudre les problèmes économiques qui assaillent (leur) grande nation».
Fragilisé par la grogne des anciens combattants
En riposte, le président zimbabwéen avait promis: «Quand nous aurons découvert qui ils sont (...), la punition sera sévère.» Des menaces qui ont été mises à exécution. En juillet et août 2016, plusieurs responsables du ZNLWVA ont été interpellés. A savoir le vice-président Headman Moyo, le secrétaire général Victor Matemadanda, le porte-parole Douglas Mahiya, le commissaire politique des vétérans Francis Nhando et Hoyini Samel Bhila, un responsable régional.
Tous les cinq, libérés sous caution, ont été accusés d’avoir rédigé le fameux communiqué de juillet 2016 et d’avoir comploté pour «saper» l’autorité du chef de l’Etat. Leur procès a été fixé au 22 novembre 2016. En guise de représailles, de nombreux dirigeants de l’association ont été également exclus du Zanu-PF, miné par les jeux de pouvoir pour succéder à un Mugabe malade et âgé.
Le Zimbabwe traverse depuis le début des années 2000 une crise sans précédent. Le mouvement de contestation contre le régime de Mugabe a gagné toute la société et les représailles érigées en système de gouvernement.
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