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Argentine: des frigos sociaux pour aider les victimes de la crise

Après l'Allemagne et l'Espagne, c'est au tour de l'Argentine de voir fleurir dans ses rues une cinquantaine de réfrigérateurs sociaux en libre service. L'initiative est destinée à lutter contre le gaspillage alimentaire et aider les plus démunis dans un pays frappé par une inflation et un chômage galopants.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Une restauratrice de Buenos Aires, Maria Belen Aragon, remplit son «réfrigérateur social» de plats préparés qu'elle distribue aux pauvres et aux sans-abri. (JUAN MABROMATA / AFP)

Avec une inflation de 40% par an en Argentine, «manger est devenu trop cher», constate Luis Pondal, pionnier argentin des frigos sociaux. Ce restaurateur de Tucuman, ville du nord du pays, s'est indigné de voir que dans un pays aussi riche, il y ait autant de besoins. 

«J'étais fatigué de jeter de la nourriture à la poubelle et de voir des gens la fouiller, à la recherche d’un morceau de pain ou de légumes», explique-t-il, ajoutant qu'il n’y a pas que les SDF qui font les poubelles: il y a aussi «des gens bien habillés et qui ont un travail.»

Inflation, vague de licenciements, augmentation du coût des services publics: ce contexte de crise économique accentue la pauvreté. C'est ce qu'indique un récent rapport de l'Université catholique argentine soulignant qu'elle touche désormais 13,8 millions d'Argentins. Soit un tiers (34,5%) de la population et 1,4 million de plus que lors de la prise de pouvoir du nouveau président en décembre (29%), selon lUCA.

Une cinquantaine de frigos sociaux
Sur la cinquantaine de frigos sociaux qui ont vu le jour ces derniers mois en Argentine, l'un d'eux est installé au coeur de la célèbre place de Mai, à quelques encablures seulement du palais présidentiel à Buenos Aires. «Prends ce dont tu as besoin», indique une pancarte sur le frigo rempli d'invendus des restaurants du quartier et géré par l'ONG Red Solidaria (réseau solidaire).
 
A Salta, autre grande vile du nord argentin, «il y a des gens qui viennent en bus aux frigos et retirent la nourriture, il y a beaucoup de pauvreté», témoigne à son tour Maria Belen Aragon, une restauratrice qui a développé ce mode de distribution dans cette région. A l'extérieur de son restaurant du quartier branché de Palermo, de Buenos Aires, elle préfère remettre directement la nourriture aux personnes démunies, alors qu'ailleurs, les réfrigérateurs solidaires sont en libre-service.

«L'idée est que l'on ne voit pas que ces personnes font la manche. Qu'elles arrivent et se servent sans que personne ne leur donne (la nourriture). C'est un concept plus solidaire et plus digne», reconnaît Gabriel Shneider de Red Solidaria.

Ce mouvement est né en Allemagne où les premiers frigos solidaires ont vu le jour en 2012. Le concept a fait également des émules en Espagne avec des restaurateurs locaux qui déposent de la nourriture dans ses frigos de rue. 


En Argentine, ces dons alimentaires se font dans un flou juridique, mais avec quelques règles d'hygiène que les services de la mairie de Buenos Aires s'efforcent de contrôler: les produits cuisinés maison doivent être étiquetés avec la date de fabrication et les ingrédients.

L'ONG Plato Ileno (Assiette pleine), qui récupère et redistribue les aliments non consommés dans les banquets et fêtes d'entreprises, dit avoir déjà collecté 32.000 kg de petits fours, soit l'équivalent de «62.000 assiettes pleines». 


Longtemps appelé «le grenier du monde», l'Argentine est le premier exportateur mondial de farine et d’huile de soja, et également le 4e producteur de maïs.

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