Argentine: le clan Kirchner bien placé pour l'élection présidentielle d'octobre
En Argentine, troisième économie d'Amérique latine, les primaires ne ressemblent en rien à ce que l'on connaît chez nous. Sondage grandeur nature ou sorte de premier tour, le scrutin du 9 août était obligatoire pour tous les électeurs et pour tous les candidats à la succession de Cristina Kirchner, empêchée par la Constitution de briguer un troisième mandat. Les primaires, organisées sous cette forme depuis 2009, sont d'abord destinées à entériner les investitures pour l'élection présidentielle, mais elles permettent aussi de mesurer le rapport de force avant le scrutin.
Ainsi, Daniel Scioli, 58 ans, poulain de Cristina Kirchner, a plutôt bien tiré son épingle du jeu, même si sa protectrice aurait sans doute préféré un résultat plus flamboyant. Aucun tweet de sa part au soir des primaires - elle qui pourtant n'en est pas avare - n'est venu saluer la performance de Scioli. A deux mois et demi du scrutin, ce dernier, gouverneur de la décisive province de Buenos Aires, qui concentre 40% de l'électorat a choisi de célébrer son avance en invoquant le pape François, «source d'inspiration». Ancien champion de bateau off-shore (il a perdu un bras dans un accident de course), il affirme vouloir s'inscrire dans la continuité de l'ère Kirchner, tout en réfléchissant à des «changements».
Parmi les défis à relever, la gestion des fonds «vautours» américains
Et, alors que l'actuelle présidente est soupçonnée de vouloir conserver une influence après son départ - elle a imposé comme candidat à la vice-présidence son homme de confiance Carlos Zannini, surnommé le «Chino» à cause de son passé mao -, Scioli martèle qu'il ne se laissera pas dicter sa politique.
S'il est élu pour les quatre ans à venir, l'héritier du kirchnérisme promet par exemple de rompre avec l'actuelle limitation à l'accès aux devises, avec le lourd impôt sur les importations et, enfin, avec la politique anti-libérale, notamment sur le front de la dette. Ce dernier point représentera d'ailleurs le plus grand défi pour le futur président: gérer les fonds «vautours» américains sur le remboursement de la dette, héritée de la crise économique de 2001/2002.
Face à Scioli, des rivaux tout aussi heureux de leur performance. Le conservateur Mauricio Macri d'abord, maire de Buenos Aires pendant huit ans, a recueilli 30% des voix, ce qui fait de lui l'opposant le mieux placé. M. Macri, 56 ans, incarne le changement et la rupture avec la gestion péroniste du pays. Le prisme du péronisme, principale référence politique en Argentine, est très large. Cela va de la gauche, avec Mme Kirchner, à des orientations néo-libérales, comme dans les années 90, avec Carlos Menem. Mauricio Macri a ainsi les faveurs des milieux économiques qui voient en lui l'homme capable de supprimer les barrières protectionnistes érigées depuis 2003.
Une troisième force a émergé des primaires
Autre candidat sérieux ensuite, Sergio Massa, 43 ans, dissident kirchnériste, ancien chef du gouvernement de Cristina Kirchner, a, lui, réuni 20,5% des voix. Un résultat imprévu qui, de l'avis des observateurs, donnera à cet ancien avocat un rôle d'arbitre incontournable lors de la présidentielle. «Scioli ou Macri, le vainqueur sera celui qui arrive le mieux à capter les 20% de Massa», estime le politologue Rosendo Fraga, interrogé par l'AFP.
Léger suspense, donc, dans l'histoire de l'Argentine démocratique qui n' a vu aucune élection se jouer au second tour. Avec 40% des voix et une avance de 10% sur le deuxième, un candidat est déclaré vainqueur dès le premier tour. De même s'il atteint 45% des suffrages. Daniel Scioli s'inscrira-t-il dans cette lignée?
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