Argentine : on vous explique l'hyperinflation, ce mal endémique qui touche le pays depuis des décennies
L’Argentine, qui vient d'élire comme président l'ultralibéral Javier Milei, est aussi le pays de l'hyperinflation. Comparé à l'inflation dans les pays occidentaux, le pays d'Amérique du Sud bat tous les records, et depuis bien longtemps. L'an dernier, l'inflation atteignait 95%, soit un quasi-doublement des prix en un an. L’année d'avant, en 2021, elle s'était élevée à 51%. Avant cette date, cela faisait déjà 10 ans que l'inflation argentine était à deux chiffres. Franceinfo vous explique cette hyperinflation qui caractérise et handicape l'économie du pays.
Une inflation historiquement très élevée
La hausse des prix est une réalité argentine depuis des décennies. En 1989, l'inflation a été de près de 5 000%, et de 1 350% l'année suivante. Pour enrayer cette spirale, le pays fait alors appel à des économistes ultralibéraux de l'école de Chicago. Le FMI donne ses recettes et l'Argentine change de monnaie pour s'aligner sur le dollar, tout en privatisant de nombreux secteurs d'activité. Pour le président de l'époque Carlos Menem, l'État ne doit s'occuper que de la justice, de la sécurité, de l'éducation, de la santé et des affaires étrangères. L'inflation se calme radicalement mais le chômage explose. Sauf que depuis le début des années 2010, l'inflation est repartie.
Traquer les prix, une habitude pour les Argentins
Face à des prix qui bougent toutes les semaines, les consommateurs adoptent plusieurs attitudes. Les Argentins vérifient, comparent, traquent les prix en permanence, comme le faisaient déjà leurs parents et leurs grands-parents il y a 30 ou 40 ans. Ils font des stocks de produits non périssables en se disant que ce qui est acheté aujourd'hui sera moins cher que dans un mois. Ils se privent sur la viande et les produits frais. Pour payer les équipements (réfrigérateur, aspirateur ou même chaussures), le consommateur fractionne au maximum par mensualités, histoire de liquéfier les prix. Beaucoup d’Argentins ont ainsi une attitude "no future".
Se faire plaisir, un remède pour oublier
Avec cette hyperinflation, beaucoup de consommateurs ne peuvent pas acheter de voiture ou de maison (le taux d’intérêt de la banque centrale est de 130%). Alors, les Argentins veulent se faire plaisir et dépensent leur argent en restaurants, en cinéma et en concerts. Un économiste argentin livre cette analyse : "Celui qui ne peut pas partir en vacances achète des billets de concert, celui qui ne peut pas se payer de concert achète une pizza et une bière." En raison de l’inflation, 40% des Argentins vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté.
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