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Au Salvador, une présidentielle sans enthousiasme

Le 2 février 2014, à peine plus de la moitié des quelque 4,9 millions d’électeurs se sont déplacés dans les bureaux de vote pour élire leur président. Un second tour, le 9 mars, devrait confirmer la gauche au pouvoir. Dans ce pays d’Amérique centrale de 6,3 millions d’âmes, la campagne a été entachée de soupçons de corruption. Et les gangs pèsent lourd dans la balance.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Climat pré-électoral à San Salvador, le 31 janvier 2014. (AFP PHOTO / INTI AQAL)

Les électeurs ont boudé le premier tour de scrutin. Et la dizaine de milliers d'expatriés qui a pu voter pour la première fois n'a pas fait beaucoup bouger les lignes. Quelque trois millions de Salvadoriens ont émigré, dont l’écrasante majorité aux USA, où 660.000 seraient clandestins.
 
Une campagne émaillée de scandales et de soupçons de corruption
De l’ancien président Francisco Flores (1999-2004) et son parti Arena (soupçonnés de détournement de fonds humanitaires en provenance de Taïwan), au maire de la capitale et candidat de la droite à la présidentielle, Norman Quijano (accusé d’avoir utilisé de l’argent public à des fins personnelles), les affaires ont eu raison des velléitaires.
 
Dans ce pays où le taux de pauvreté dépasse les 40%, où les principales sources de revenus proviennent de l’aide étrangère et des remesas (transferts de fonds des émigrés: 4 milliards de dollars en 2013, dont 90% en provenance des USA ; 16% du PIB) et où le chômage et le sous-emploi atteignent 37%, la confiance des citoyens dans leurs hommes politiques est largement émoussée.
 
Et le candidat de gauche Salvador Sanchez Ceren, ancien commandant de la guérilla (Front Farabundo Marti de Libération nationale) arrivé en tête du premier tour avec 49% des voix, a joué la carte de la succession pour convaincre les électeurs: il va poursuivre les politiques sociales du président sortant, Mauricio Funes, en matière de retraite et d’éducation.

 
Le poids des gangs
Tout est à faire dans ce petit pays producteur de textile, de services et de café bordé par le Pacifique. A commencer par enrayer la violence des gangs et le racket qui mettent un sérieux frein à la croissance.
 
Si le climat de violence qui prévaut dans le pays a baissé en intensité grâce à une trêve conclue en 2012 sous l’égide de l’église catholique entre les autorités et les principaux gangs rivaux, Mara Salvatrucha et Barrio 18, la question de leur démembrement reste entière.
 
Bien que le nombre de meurtres se soit stabilisé à 41 assassinats pour 100.000 personnes en 2013 contre 66 en 2010, les disparitions ont atteint plus de 1000 en 2013, précise The Economist. Le sentiment d’insécurité, qui avait chuté après le cessez-le-feu, est remonté : de nombreux Salvadoriens estiment qu’il n’est «qu’un écran de fumée derrière lequel les gangs peuvent élargir leur entreprise criminelle» (trafic de drogue en tête).
 
Mais au-delà de la violence qui leur est imputée, les 60.000 membres des maras font vivre 300.000 personnes au Salvador, précise le journal citant des chiffres de l’ONU. Et si la trêve se poursuit, il faudra fournir à ces derniers de nouvelles sources de revenus. Le chantier est de taille.
 
A gauche, Salvador Sanchez Ceren, issu de la guérilla marxiste, promet travail et réduction de la pauvreté ; à sa droite (dure), Norman Quijano (39% des suffrages au 1er tour) veut militariser la police pour améliorer la sécurité… Il appartient aux Salvadoriens, encore marqués par une sanglante guerre civile (100.000 morts de 1980 à 1992), de trancher.

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