"C'est quelqu’un de bien" : dans son fief de Culiacán, "El Chapo" reste très populaire malgré sa condamnation à perpétuité aux États-Unis
Dans l'État du Sinaloa, au Mexique, la guerre contre la drogue menée par les gouvernements successifs, jugés responsables de nombreux abus, a exacerbé la fascination pour les narcotrafiquants, comme "El Chapo".
La plupart des Mexicains voient d'un bon œil la condamnation d'"El Chapo" aux États-Unis. En début d’année, Joaquín "El Chapo" Guzmán a été reconnu coupable de plusieurs charges, dont narcotrafic. Mercredi 17 juillet, il a été condamné à la perpétuité, assortie de 30 années de prison supplémentaires, par un juge de New York. Ses avocats ont déjà annoncé qu'ils feraient appel de cette condamnation.
Contrairement au reste du Mexique, le baron de la drogue bénéficie d'une bonne cote de popularité à Culiacán, dans l'État du Sinaloa. "Le gouvernement pourra dire ce qu’il veut, ici les gens l’aiment beaucoup", explique un instituteur de la ville située dans le nord-ouest du pays. Pour lui, le narcotrafic n’est pas un crime, mais une tradition.
Il n’aimait pas les injustices, il distribuait de l’argent et toutes sortes de choses.
Un instituteur dans l'État du Sinaloaà franceinfo
Des figurines à l'effigie d'"El Chapo" ("le petit") sont vendues dans des boutiques de Culiacán. Devant l'une de ces vitrines, un autre instituteur, venu lui de la campagne, se souvient du jour où il l'a aperçu lors d’une fête populaire : "C’était à Guamúchil, dans une ville proche d’ici, juste avant sa dernière arrestation." Joaquín "El Chapo" Guzmán "offrait des fleurs aux femmes, il commandait des chansons à l’orchestre et il payait les bières. Il se mêlait aux gens, c’était quelqu’un de bien", raconte José Agustín.
Après plusieurs mois de cavale, "El Chapo" avait été arrêté dimanche 10 janvier 2016 au Mexique. Après sa capture, des milliers de personnes avaient manifesté dans les rues de Culiacán pour réclamer sa libération. "Pour les gens, c’est une façon de décharger leur hostilité envers le gouvernement", selon Ismael Bojórquez. Le directeur de la revue Ríodoce, un hebdomadaire mexicain spécialisé dans les enquêtes sur le crime organisé, estime que "par opposition, les habitants de Culiacan voient 'El Chapo' comme un héros, une idole, une source d’inspiration, par opposition" au gouvernement.
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