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Après sa défaite, quel avenir pour Mitt Romney ?

Ancien homme d'affaires et gouverneur du Massachusetts, Romney, battu mardi par Obama, n'a pas détaillé ses plans pour le futur. 

Article rédigé par Ariane Nicolas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le républicain Mitt Romney salue la foule après avoir reconnu sa défaite à l'élection présidentielle, le 6 novembre 2012 à Boston (Massachusetts). (SHANNON STAPLETON / REUTERS)

PRESIDENTIELLE AMERICAINE - "Clear eyes, full hearts, can't lose" (Lucides, vaillants, nous ne pouvons perdre). Le slogan choisi par Mitt Romney pour sa campagne ne lui a pas porté bonheur. Le parti républicain a vécu, mardi 6 novembre, une deuxième défaite consécutive à l'élection présidentielle, après la déroute de John McCain en 2008. Ancien homme d'affaires, devenu gouverneur du Massachusetts en 2002, Mitt Romney n'a pas encore fait connaître ses plans pour l'avenir. Peut-il poursuivre sa carrière politique ? Si non, quelle reconversion possible ? Voici ce qui l'attend.

S'occuper de son équipe

Mercredi 7 novembre, Romney a dit "au revoir" aux membres de son équipe, dans son QG de campagne à Boston (Massachusetts). Un de ses proches raconte au Washington Post (en anglais) : "Je lui ai demandé ce qu'il avait prévu ces prochaines semaines. Je lui ai dit : 'Amusons-nous un peu'". Réponse de l'intéressé : "Hum. J'ai vraiment beaucoup de choses à faire. Il faut que je trouve du travail à 400 personnes." Ces membres du staff, dont certains s'imaginaient déjà à la Maison Blanche, ont jusqu'à vendredi pour faire leurs cartons et trouver un job.

Faire le point avec son épouse

Jusqu'au bout, Mitt Romney a refusé de dire ce qu'il ferait après le 6 novembre, victoire ou non. "J'ai le sentiment que nous nous sommes jetés entièrement dans la bataille. Nous avons lutté jusqu'au bout", a-t-il dit dans l'avion qui le menait à Boston le soir de l'élection, rapporte Politico (en anglais). Mais sa femme n'est pas du même avis.

En octobre, Ann Romney avait prévenu : "Je ne veux pas revivre ça une troisième fois. Le laisser se présenter une deuxième fois [après les primaires de 2008 où il avait échoué] a déjà été une décision difficile à prendre", rapporte le Huffington Post (en anglais). L'heure de la retraite a-t-elle sonné ? Dans le fameux avion, le candidat a concédé : "J'ai une famille et une vie privée qui me sont chères." Il devrait profiter de ces nouveaux moments d'intimité, rares depuis un an, avec sa femme, ses cinq enfants et ses 18 petits-enfants.

Mitt Romney sur scène à Boston (Massachusetts) avec son colisiter Paul Ryan et leur famille, au soir de la défaite, le 6 novembre 2012. (RICK WILKING / AFP)

Renoncer à ses ambitions politiques

Un parti en crise. Si la responsabilité de la défaite est assumée collectivement, l'après-élection sera certainement moins amical. "Ça va être la guerre", prédit Mike Murphy, un consultant républicain cité par le New York Times (en anglais). Les interrogations sont nombreuses. Comment rallier l'électorat hispanique ? Faut-il rester intransigeant sur les questions sociétales ? Les attaques contre le gouvernement fédéral sont-elles justifiées ? Sauf surprise, Romney devrait laisser les représentants du Grand Old Party débattre de ces questions sans lui.

Faire le deuil de 2016. "En France, la tradition veut qu’un candidat battu deux fois à l’élection présidentielle ne soit pas mis hors-jeu. Aux Etats-Unis, ce n’est pas le cas", rappelle sur Europe 1.fr André Kaspi, historien des Etats-Unis. D'après lui, "la carrière politique de Mitt Romney est finie". Le républicain n'étant plus gouverneur depuis 2007, impossible pour lui de retrouver un mandat local, comme le sénateur McCain l'avait fait en 2008. Désormais, estime le chercheur, "Mitt Romney va devenir une sorte de sage du camp républicain"

Un retour pour la prochaine présidentielle paraît donc hautement improbable. "Côté républicain, deux figures se détachent pour l’instant, note LibérationLe colistier de Mitt Romney, Paul Ryan, et l’actuel gouverneur de l'Etat du New Jersey, Christopher Christie." Ce dernier est d'ailleurs soupçonné d'avoir fait campagne contre Romney pendant l'ouragan Sandy, en chantant un peu trop les louanges de Barack Obama, pour mieux s'assurer la victoire en 2016.

Trouver une occupation pour sa retraite

A 65 ans, Romney a encore de l'énergie et beaucoup d'argent à dépenser s'il le souhaite – sa fortune personnelle dépasserait les 200 millions de dollars. Businessman prospère, Mitt Romney reviendra-t-il dans les affaires ? "Je doute qu'il se satisfasse d'un retour dans le secteur privé : il a fait sa fortune et n'a pas besoin de s'enrichir", commente dans Metro Scott Helmann, co-auteur d'une biographie sur Romney. Trois options s'offrent donc à lui :

• Une fondation ou un think thank. Le magazine Forbes (en anglais) conseille à ce républicain plutôt modéré de créer un "think tank" pour aider à rénover le Grand Old Party. Exemple de contribution possible : "Comment faire baisser le nombre d'avortements sans légiférer ?" Autre possibilité, mettre ses talents de collecteur de fonds à profit pour une organisation humanitaire. C'est l'option qu'a choisie Bill Clinton, très impliqué en Haïti, après avoir laissé les clés de la Maison Blanche à George W. Bush.

Mitt Romney arrive sur scène pour reconnaître sa défaite, le 6 novembre 2012 à Boston (Massachusetts). (DON EMMERT / AFP)

• La filière olympique. Mitt Romney a percé sur la scène nationale en 2002 grâce aux JO de Salt Lake City, ville où sa famille (mormone) s'est établie au début du XXe siècle. Selon le Star Tribune (en anglais), son entourage lui aurait soufflé l'idée de s'investir au Comité international olympique. Le siège de président, actuellement détenu par Jack Rogge, se libère en 2013. Seul hic, Mitt Romney s'est montré très critique cet été sur l'organisation des JO de Londres. Sa franchise l'empêchera-t-elle d'afficher pleinement une telle ambition ?

• La voie mormone. Enfin, il ne faut pas négliger l'importance de la religion mormone pour Mitt Romney. Bien qu'il se soit montré assez secret à ce sujet durant la campagne,  certains le voient déjà en train de prêcher la bonne parole ou d'organiser la charité. Romney, lui-même ancien missionnaire et donateur de poids, "pourrait tenter d’augmenter le chiffre de donations et encourager les jeunes mormons à se dévouer à des œuvres humanitaires dans leurs missions", suggère Slate. En tout cas, quel que soit son choix, les possibilités de reconversion ne manquent pas.

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