Guantanamo : comment les autorités nourrissent de force les prisonniers en grève de la faim
Une centaine de détenus ont cessé de s'alimenter à la prison de Guantanamo pour protester contre leur maintien en détention. Une note publiée par Al-Jazeera lundi détaille le procédé utilisé pour nourrir de force certains d'entre eux.
Le dispositif est décrit en treize étapes, soigneusement consignées sur le document estampillé "Force opérationnelle interarmées de Guantanamo". Cette note, publiée lundi 13 mai par Al-Jazeera (en anglais), détaille le dispositif utilisé depuis plusieurs semaines à la prison américaine de Guantanamo pour nourrir certains prisonniers en grève de la faim depuis trois mois.
Sur les 166 détenus à Guantanamo, 86 ont été déclarés libérables ou transférables dans leur pays d'origine mais restent prisonniers sur cette enclave située à Cuba, qui échappe au système judiciaire américain ordinaire. Selon les autorités de la prison, 100 prisonniers sont en grève de la faim pour protester contre ce maintien en détention, qui dure parfois depuis plusieurs années.
Bâillon, entraves et sonde nasale
Certains jeûnent depuis le 6 février, date à laquelle une révolte a éclaté après une fouille généralisée et décrite comme brutale dans un des camps de la base militaire. Les autorités de la prison ont décidé de nourrir de force entre 20 et 30 prisonniers, dont la santé était jugée préoccupante.
Selon le document publié par Al-Jazeera (page 18), ces derniers sont attachés sur une chaise, le visage obstrué par un masque "pour éviter crachats et morsures". Chaque prisonnier est ensuite pesé, puis attaché sur une chaise. Après une anesthésie locale, une sonde est introduite par une narine jusqu'à l'estomac, et le liquide nutritif est versé. L'opération dure "habituellement 20 à 30 minutes", selon le document, et "ne devrait pas excéder deux heures". Le prisonnier est ensuite isolé dans une cellule où il est constamment surveillé pendant une heure pour vérifier qu'il ne vomit pas.
Plus de 200 000 signatures pour la fermeture de Guantanamo
Si les autorités n'ont jamais caché nourrir de force les grévistes au-delà d'un certain stade, les détails du procédé, jugé "brutal et déshumanisant" par Al-Jazeera, risque fort d'augmenter la pression exercée par une partie de l'opinion publique sur les autorités américaines.
Une pétition lancée par le colonel Morris Davis, ancien procureur militaire de Guantanamo, et réclamant à Barack Obama la fermeture de la prison, a déjà recueilli plus de 200 000 signatures sur le site Change (en anglais). Le président américain a promis de redoubler d'efforts pour honorer ce qui était déjà une de ses promesses de campagne en 2008.
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