Le livre du photographe Corentin Fohlen, «Haïti» est sorti en janvier 2017. Le projet déposé sur KissKissBankBank, un site de financement participatif, a permis qu’il soit édité aux éditions Light Motiv. Il est le fruit d’un long travail étalé sur six années. Nous y découvrons le regard décalé d’un auteur loin des poncifs et des clichés habituellement véhiculés sur ce pays.
Corentin Fohlen est un photojournaliste français indépendant. Il a couvert l’actualité chaude (guerre en Afghanistan, révolution orange en Ukraine, révolte en Grèce, révolutions arabes…) pour de très nombreux titres de la presse française (Le Monde, Libération, Paris Match, Polka Magazine, 6 Mois...) et internationale (New York Times, The Guardian, Stern...).
Plusieurs fois récompensé, il a remporté en 2016 grâce à ce travail sur Haïti, le prix du meilleur reportage photographique décerné par l’Agence Française de Développement et le journal Libération.
Corentin Fohlen s’est rendu pour la première fois en Haïti en 2010, au lendemain du séisme du 12 janvier qui a dévasté le pays. 200.000 morts et un million de sans-abri. Mais «à partir de 2012, j’ai voulu dépasser l’image d’un pays passif, qui tend la main et qui attend tout de l’aide extérieure», explique-t-il.
Tombé littéralement amoureux de ce pays qu’il connaissait à peine et lassé du traitement catastrophiste et caricatural qu’offrent les médias, il décide de s’engager dans un reportage de longue haleine. Pour cela, il s’y rendra 19 fois.
Pour lui, cette île trop souvent désignée comme maudite ne se résume pas aux catastrophes (ouragans, tremblements de terre) ou à son instabilité politique et économique. Elle est plus complexe. Le développement touristique, la bourgeoisie haïtienne, le patrimoine humanitaire sont autant de sujets que le photographe aborde.
«Haïti est un pays qui m’a marqué. A chaque fois que j’y retourne, je construis une relation fidèle avec ce pays. Avec Haïti, c’est un amour construit et intense. C’est un plaisir d’être là-bas et même en dehors du travail. Tellement de choses m’ont marqué. Il y a une injustice quand Haïti est traité uniquement sur le plan de la violence, du misérabilisme ou de l’humanitaire. C’est un pays qui est tellement plus complexe, tellement plus riche, tellement plus vivant que ces images de mort que l’on voit. C’est ce qui m’a motivé et qui n’est pas simple à aborder. Haïti est extrêmement vivant, très attachant et vraiment intense. On ne voit jamais ce côté-là dans la presse. Cette image n’est pas fausse, mais faussée. Caricaturale je dirais», explique-t-il sur le site Focus Numérique
Deux expositions lui sont consacrées: au festival Circulation(s) à Paris pour sa 7e édition (21 janvier au 5 mars 2017) et à la Fisheye Gallery de Paris (18 janvier au 1er mars 2017).
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