John, militant d'Occupy Wall Street : "Obama a énormément déçu"
A 50 ans, ce professionnel des ressources humaines a vécu deux ans dans la rue après avoir perdu son emploi. Il votera Obama, mais juge sévèrement le bilan du président.
PRESIDENTIELLE AMERICAINE - John, 50 ans, fait partie des ders des ders : une poignée de militants qui occupent encore, fin octobre, la petite portion de trottoir située le long de Trinity Church, allongés sur des cartons crasseux. Ils sont tout ce qu'il reste du mouvement Occupy Wall Street, lancé en septembre 2011 pour dénoncer les excès de la finance.
En quatre ans, John a perdu son emploi, connu la vie dans la rue, avant de réussir à rebondir tout récemment. Le 6 novembre, il votera pour Barack Obama, sans illusions mais pour éviter le pire que serait, pour lui, la victoire de Mitt Romney. Après Alan, trader ou Beverly, barmaid, il raconte ce qu'a été sa vie sous la présidence Obama.
Sa vie en 2008
Originaire de Virginie, John vit à New York depuis 30 ans. En 2008, il travaillait encore à quelques rues de l'endroit où il manifeste aujourd'hui, dans un petit cabinet de ressources humaines. "Un job que j'aimais beaucoup, que je faisais bien", précise-t-il.
Un emploi qu'il a perdu lorsque le cabinet a fait faillite en 2010, emporté par la récession. Ses 15 salariés se sont retrouvés au chômage. Quelques mois plus tard, en septembre 2011, le mouvement Occupy Wall Street voyait le jour. "On a un slogan ici, qui dit : 'J'ai perdu un travail, mais j'ai trouvé une occupation'", dit en souriant John, qui a rapidement rejoint le campement de Zuccotti Park.
Lui n'avait de toute façon pas vraiment le choix : la perte de son emploi l'a laissé à la rue. "J'ai appris ce qu'on appelle le 'dumpster diving' [littéralement, plonger dans une benne], c'est-à-dire faire les poubelles pour trouver de la nourriture. J'ai appris à dormir dehors en plein hiver. Et j'ai vécu ma première arrestation par la police lors d'une manifestation."
Sa vie en 2012
Aujourd'hui, John a retrouvé des raisons de croire en l'avenir. Un ami l'héberge depuis plusieurs mois dans le nord de Manhattan. Et surtout, il a retrouvé un emploi. Je le rencontre deux jours avant le début de son nouveau contrat. "Il m'a fallu deux ans pour retrouver du travail. C'était très dur, j'ai dû envoyer une centaine de CV."
Pour survivre, il a dû s'endetter en ayant recours à des cartes de crédit à fort taux d'intérêt. Il doit environ 13 000 dollars (10 000 euros) aux banques, qu'il espère rembourser avec ses futurs salaires.
John regarde pourtant cette période sans amertume. "Le mouvement Occupy Wall Street a donné beaucoup de sens à ma vie. J'ai découvert un nouvel espoir, un sens de la communauté." Malgré l'état actuel du mouvement, il est persuadé qu'il renaîtra de ses cendres après l'élection.
Et la présidence Obama dans tout ça ?
John se fait peu d'illusions sur l'issue du scrutin. Comme en 2008, il votera Obama car il trouve le programme de Mitt Romney "désastreux". Mais juge sévèrement le bilan du président sortant.
"J'espérais qu'en quatre ans, il accomplirait davantage. Il a rencontré beaucoup de résistance, mais il aurait dû se battre avec plus de conviction pour les gens [qui l'ont élu]. Il a énormément déçu une partie de la gauche."
L'activiste regrette particulièrement la forme prise par la réforme de l'assurance maladie, qu'il juge loin de la promesse d'une couverture universelle à la portée de tous. "Ce qu'il a fait, c'est rendre obligatoire l'achat par les gens d'une assurance. C'est très différent." Lui-même est concerné au premier chef : il vit sans couverture santé depuis deux ans.
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