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Justin Trudeau est-il vraiment si génial ?

Le Premier ministre canadien bat tous les records de popularité. Mais son image, soigneusement travaillée, ne doit pas cacher une action politique en demi-teinte.

Article rédigé par Simon Gourmellet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Justin Trudeau lors du final de l'émission de téléréalité de l'émission "The Amazing Race Canada" saison 4, le 7 octobre 2016.  (HANNAH YOON/AP/SIPA / AP)

Le "swag" en politique, c'est Justin Trudeau. Depuis sa campagne et son élection en 2015, le Premier ministre canadien, qui reçoit Manuel Valls depuis le 11 octobre, est l'objet d'une "trudeaumania" qui ne semble toujours pas s'essouffler. On l'a vu câliner des pandas, tenter (et rater) un "high five" avec le prince George, faire du yoga dans son bureau...

Mais aussi s'incruster dans une équipe de football américain :

Ou encore tenir le micro à des jeunes : 

Et puis s'entraîner à la boxe : 

Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, s'entraîne à boxer dans un gymnase à New York, le 21 avril 2016. (CARLO ALLEGRI / REUTERS)

Justin Trudeau se montre tellement détendu que le New York Times (en anglais) estimait en janvier 2016 qu'avec lui, le Canada était devenu soudainement "cool". Incarnant la "coolitude" à la canadienne, pour le magazine de Boston The Christian Science Monitor Weekly, le fils de Pierre Elliott Trudeau, lui aussi Premier ministre, a même été comparé à l'ancien président américain JFK. 

Mais attention, le "swag" et les efforts de mise en scène ne font pas tout. Et après bientôt un an à la tête du Canada, son bilan législatif et politique reste bien maigre. A son crédit, on peut certes noter la hausse des allocations familiales, l'accueil de plus de 31 000 réfugiés syriens ou encore le lancement d'une commission d'enquête sur la tragédie des femmes amériendiennes disparues ou assassinées depuis plus de 30 ans.

Justin, pas très écolo ?

En revanche, d'autres dossiers, tout aussi sensibles, s'accumulent sur son bureau du 24, promenade Sussex, à Ottawa, le siège du gouvernement fédéral canadien. L'un des plus gênants étant sa frilosité sur les objectifs de réduction des gaz à effet de serre dans le cadre de la COP21.

S'il a invoqué "trois motivations" personnelles pour imposer une taxe carbone et se conformer à l'accord de Paris – "elles s'appellent Xavier, Ella-Grace et Hadrien", a-t-il dit en citant ses trois jeunes enfants – il n'a rien dit ou fait sur le dossier brulant des gaz bitumineux et la création d'un pipline qui relierait la province de l'Alberta jusqu'à Saint-John, au Nouveau Brunswick, en passant pas le Québec.

Justin Trudeau avait également promis d'amender la loi antiterroriste C-51, qu'il jugeait "imparfaite". Ses opposant lui reprochent désormais de traîner les pieds. Quant à sa loi sur l'aide médicale à mourir, le texte finalement adopté est moins progressif que prévu.

Il ne s'engage pas sur la présidentielle américaine

Autre dossier qui fâche : la vente d'armes à l'Arabie saoudite, avec l'épineuse question de savoir à quoi elles vont servir. Des vidéos ont été diffusées par le quotidien de Toronto Globe and Mail, montrant l’armée saoudienne s’attaquer à sa population à l’aide de blindés légers. Pas question pour autant d'annuler la vente. "Nous devons projeter à la face du monde l’image d’un pays qui respecte ses engagements", a répliqué Trudeau.

Autre preuve de sa frilosité, et malgré la position radicalement tranchée de sa femme, Justin Trudeau refuse toujours de se mouiller sur la campagne présidentielle américaine, répétant qui il comptait "travailler avec quiconque est élu par les Américains".

Des bémols qui ne semblent pas préoccuper les Canadiens puisque, sa cote de popularité ne cesse de grimper et le taux de satisfaction vis-à-vis du gouvernement fédéral est passé de 50% en février à 67% en août, note Libération. Comme quoi, le "swag" et la communication, en politique, ça marche.

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