L'Argentine condamne dix personnes à la perpétuité pour crimes contre l'humanité durant la dictature
C'est la conclusion d'une longue bataille judiciaire. La justice argentine a condamné dix accusés à des peines de prison à vie pour des crimes contre l'humanité, mardi 26 mars, à l'issue d'un procès-fleuve portant sur des violences dans trois centres de détention durant la dictature (1976-1983).
Le procès, qui a débuté en 2020, jugeait douze Argentins pour des faits d'enlèvements, séquestrations arbitraires, tortures, viols, avortements forcés, disparitions ou vols de bébés. Le tribunal fédéral numéro un de La Plata, ville proche de la capitale Buenos Aires, a prononcé dix peines de perpétuité, une peine de 25 ans de prison et un acquittement contre douze accusés, six autres étant décédés entretemps.
Le procès portait sur plus de 400 victimes, passées par trois "CCD", les tristement célèbres "Centres clandestins de détention" situés dans un rayon de 25 km autour de Buenos Aires. Selon l'association des Grands-Mères de la place de Mai, 23 femmes enceintes figuraient parmi les détenues passées dans les CCD. Certaines ont subi des avortements forcés par leurs bourreaux, d'autres ont disparu et dix bébés ont été "donnés" à des familles amies du régime, sept de ces enfants ayant récupéré leur identité des années plus tard.
Les accusés clament leur innocence
Parmi les accusés se trouvaient des officiers, des sous-officiers, des policiers et des médecins militaires. Tous ont clamé leur innocence ou leur absence au moment des faits, et l'un a justifié les faits par un contexte de "guerre".
"Je suis heureuse, nous traversons une période difficile dans le pays en ce qui concerne la vérité et la mémoire", a déclaré à l'AFP María Victoria Moyano Artigas, née dans le centre de Banfield pendant la captivité de sa mère. Le verdict intervient sur fond de résurgence du legs de la dictature dans le débat politique, alors que le nouveau président ultralibéral Javier Milei conteste à la fois la lecture de cette période (plutôt qu'une dictature, il évoque une "guerre" entre Etat et guérillas d'extrême gauche) et le bilan de 30 000 morts ou disparus, selon les ONG de défense des droits humains.
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