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L'Argentine, tête de proue de la reconnaissance des droits des homosexuels
En Amérique latine, en pointe sur la législation en faveur des droits des homosexuels, la patrie du pape François a une petite longueur d'avance. Pionnière dans la reconnaissance du mariage homosexuel dès 2010, accordant en 2012 la possibilité aux transsexuels de déclarer librement leur sexe «ressenti», elle vient de supprimer l'interdiction faite aux homosexuels de donner leur sang.
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Depuis les années 80 et l'apparition du virus du sida, les homosexuels, plus touchés que le reste de la population, ont été partout dans le monde écartés des campagnes de don du sang. Une exclusion ressentie comme une discrimination et que la communité gay d'Argentine, après dix ans de revendications, a réussi à faire annuler.
Depuis le 16 septembre 2015, le ministère argentin de la Santé met donc l'accent sur «l'objectif d'avancer vers un système national du sang sûr, solidaire et inclusif». L'Argentine rejoint ainsi d'autres pays de la région, comme le Mexique, Cuba, le Pérou, le Nicaragua et le Chili, qui ont mis fin ces dernières années à cette restriction. Absents du groupe, le Brésil, le Salvador, le Venezuela et le Costa Rica ont pour l'instant renoncé à cette avancée, tout comme les Etats-Unis et la France.
Les nouvelles conditions pour pouvoir donner son sang en Argentine permettent à tout un chacun de le faire après avoir pris connaissance d'une documentation complète sur les risques présentés par telle ou telle maladie pour le transfusé. Autrement dit, aux yeux des autorités, il ne s'agit plus de faire la police entre les bons donneurs et les autres mais de faire confiance à celui qui s'engage dans «l'acte responsable de donner son sang».
Très en avance dans la reconnaissance des droits des gays, lesbiennes et transsexuels, l'Argentine, catholique à 90%, avait dès 2010 franchi un pas spectaculaire en autorisant le mariage entre personnes de même sexe. Investie en personne dans le débat, la présidente Cristina Kirchner avait balayé tous les arguments de l'Eglise qu'elle jugeait dignes de l'époque de l'Inquisition. La loi votée, l'Argentine devenait le premier pays d'Amérique latine à légaliser le mariage gay et, dans la foulée, à autoriser les couples homos à adopter.
Un an plus tard, elle était imitée par l'Uruguay et, dans une moindre mesure par le Brésil, car il n'y existe pas de loi mais une simple autorisation juridique. Seul autre pays de la région à envisager une réponse favorable à la demande d'un mariage pour tous, la Colombie.
Etre un homme ou une femme ? En Argentine, chacun peut choisir
Autre chapitre révolutionnaire écrit par le pays dans l'histoire des législations favorables aux minorités sexuelles, celui du droit pour chacun de déterminer son genre en fonction de ce que l'on ressent et non plus en fonction de celui qui a été donné à la naissance. Plus besoin de l'accord d'un juge ou d'un médecin, chaque citoyen argentin a le droit, depuis la loi votée par le Sénat en 2012, de choisir s'il est un homme ou une femme.
«Toute personne peut demander un changement de sexe, de prénom et d'image, à partir du moment où ils ne correspondent pas au genre de cette personne, telle qu'elle la perçoit», détaille la loi argentine. Aucune transformation physique – opération chirurgicale, prise d'hormones ou traitement médical – n'est exigé pour changer d'état civil.
Et pour compléter l'arsenal législatif destiné à limiter, au moins officiellement, la discrimination et l'ostracisation des personnes différentes, le gouvernement fait appliquer depuis le printemps 2015, une réglementation permettant aux Argentins qui le désirent de changer de sexe gratuitement. Le but: faciliter l'adéquation du genre ressenti avec l'apparence physique. Une faculté pour l'instant unique sur le continent sud-américain.
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