La Jamaïque entre criminalité et drogue
Il convient «de faire preuve d’une grande prudence en raison du niveau élevé de criminalité violente», conseille le site du gouvernement canadien à ses ressortissants appelés à voyager dans l’île des Caraïbes. Selon le ministère français des Affaires étrangères, le taux d’homicides y est estimé à 39,3 pour 100.000 habitants, l’un des plus élevés du continent américain.
Alors que la criminalité avait baissé de 35% entre 2009 et 2012, «une forte recrudescence des agressions à main armée a été constatée depuis le début de l’année 2013 à l’encontre de touristes étrangers se déplaçant à pied ou encore dans des quartiers résidentiels réputés calmes», rapporte le Quai d’Orsay.
Les chiffres de la pauvreté (PIB de 5289 US$ en 2013) et du chômage (14% également en 2013) de la Jamaïque sont eux aussi très élevés. Mais ils ne suffisent pas à expliquer à eux tous seuls la situation en matière de délinquance et de criminalité.
La Jamaïque reste ainsi «le plus gros producteur de cannabis dans les Caraïbes», relève le rapport 2014 (en anglais) de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS, INCB en anglais), qui dépend de l’ONU. Selon le journal Jamaica Observer, 15.000 hectares de terres cultivables, sur un total d'environ 120.000, seraient utilisés pour cette culture.
Dans le même temps, l’île est utilisée «comme plaque-tournante pour d’autres drogues illicites», notamment la cocaïne, à destination de l’Amérique du Nord et de l’Europe. Une situation qui entraîne des problèmes «de corruption, de violence, d’intimidation et de contournement des contrôles administratifs», observe The Jamaica Observer.
Le pouvoir des gangs
Le trafic de drogue «continue à jouer un rôle crucial en fournissant de l’argent à des membres de gangs et d’autres groupes criminels organisés opérant en Jamaïque», poursuit le rapport de l’INCB. Des groupes qui ont un pouvoir considérable. Au printemps 2010, des gangs fortement armés ont tenté, par des violences contre les forces de l’ordre, d’empêcher l’extradition aux Etats-Unis du caïd Christopher «Dudus» Coke. Les affrontements, qui ont fait plus de 70 morts, ont contraint le gouvernement à proclamer l’état d’urgence. L’homme est «considéré comme un marchand de mort ultra-violent par Washington, mais aussi comme un bienfaiteur et un ‘‘parrain’’ dans les bidonvilles de Kingston, réputée l'une des capitales les plus violentes du monde», note L’Express.
Lien de cause à effet ? En février 2015, le Parlement jamaïcain a assoupli la législation sur le cannabis. Une décision qui autorise la possession de 57 grammes par personne. Ainsi que la culture (cinq plants au maximum) dans n’importe quel lieu du pays. Dans le même temps est créée une agence pour gérer cette culture et la distribution de la production à des fins thérapeutiques. Un geste en direction du mouvement rastafari. Mais aussi un moyen de développer une forme de tourisme médical.
Et le trafic dans tout ça ? Un porte-parole du gouvernement a insisté sur le fait que la nouvelle loi ne signifiait pas un assouplissement de la lutte contre les actions illégales, rapporte le journal britannique The Independent.
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