Que sait-on du projet d'attentat aux Etats-Unis déjoué par un agent double ?
Les médias américains ont révélé qu’il avait été évité grâce à un agent des services secrets saoudiens, infiltré chez Al-Qaïda, en collaboration avec la CIA. FTVi fait le point sur cette affaire.
Un scénario digne d'Hollywood. Un projet d'attentat-suicide contre un avion à destination des Etats-Unis a été déjoué en avril grâce à un agent des services secrets saoudiens infiltré au sein d'Al-Qaïda, en collaboration étroite avec la CIA, ont révélé mardi 8 mai plusieurs médias américains. L'agent double s'était porté volontaire pour la mission suicide avant de s'enfuir avec la bombe et la remettre à des officiers de la CIA, en Arabie saoudite. FTVi fait le point sur cette affaire.
• Comment devait se dérouler l’attentat-suicide ?
Il devait marquer le premier anniversaire de la mort d'Oussama Ben Laden. L’agent infiltré au sein d’Aqpa, la branche yéménite d'Al-Qaïda, devait porter l’engin explosif dans ses sous-vêtements et l’actionner en plein vol, à bord d’un avion de ligne à destination des Etats-Unis.
La bombe, non-métallique, avait été conçue pour pouvoir passer les contrôles de sécurité des aéroports. Elle est désormais entre les mains des techniciens du FBI, à Quantico, en Virginie. Dans l'administration Obama, on affirme que l'engin explosif aurait été détecté par les scanners corporels déjà installés dans plus de 180 des 450 aéroports américains soumis aux règles fédérales de sécurité.
• Qui est l’agent double derrière cette opération ?
Son identité et sa nationalité ont bien sûr été tenues secrètes par les autorités américaines. Les services antiterroristes, la Maison Blanche et le FBI s’étaient contentés d'affirmer que le projet portait la marque d’Aqpa et qu'aucun "avion de ligne" ni "aucun Américain ou allié" n'avaient été mis en danger. "Je peux juste vous dire que la personne qui avait la bombe n'est plus une menace", a déclaré sur CNN le président de la commission de la Sécurité intérieure à la Chambre de représentants, Peter King.
C’était sans compter les fuites dans les médias américains. Selon le New York Times et le Los Angeles Times, l’agent travaillait pour les services de renseignement saoudiens, en étroite collaboration avec la CIA. Il s'est porté volontaire auprès des chefs d'Al-Qaïda au Yémen pour mener l’attentat suicide avant de s'enfuir avec la bombe et de la remettre aux autorités saoudiennes. Il serait actuellement en sécurité avec sa famille dans un lieu tenu secret .
La présidente de la commission du Renseignement au Sénat, Diane Feinstein, s'est insurgée contre des fuites dans la presse, alors que l'opération était en cours. Elle a indiqué qu'une enquête serait diligentée à ce sujet.
• Dans quel cadre a été déjoué cet attentat ?
L’agent était infiltré depuis des semaines au sein de la branche yéménite d’Al-Qaïda. "Sur Aqpa, c'est souvent les Saoudiens qui nous fournissent des informations cruciales", a commenté l'expert antiterroriste Bruce Riedel dans un entretien à l'AFP, avant que l'information sur l'agent double ne soit révélée.
L'agent infiltré a en outre livré des renseignements "cruciaux" qui ont permis aux services américains d'éliminer, dimanche, un des principaux responsables d'Aqpa, le Yéménite Fahd al-Quso.Al-Quso. Recherché pour l'attentat contre un navire américain, l'USS Cole, au large du Yémen en 2000, il a été tué dans un raid aérien dimanche soir dans l'est du Yémen.
• Quels sont les précédents ?
Les renseignements fournis par les services secrets saoudiens ont déjà permis d'intercepter, en octobre 2010 au Royaume-Uni et à Dubaï, des bombes dissimulées dans des imprimantes. Aqpa les avaient envoyées aux Etats-Unis par avion cargo.
Le mode opératoire rappelle aussi le projet d’attentat mené par le Nigérian Umar Farouk Abdulmuttalab. Ce dernier avait tenté de faire sauter le vol Amsterdam-Detroit à Noël 2009 en cachant des explosifs dans son slip. Il a été condamné le 16 février à la prison à perpétuité. L’engin explosif avait les mêmes caractéristiques que celui qui a été récupéré par l’agent inflitré et que celui utilisé lors de la tentative d'assassinat du prince saoudien Mohammed Ben Nayef, membre de la famille royale saoudienne et responsable de la lutte antiterroriste. Il avait été la cible d'un attentat en août 2009 : un homme avait réussi à l'approcher et à faire exploser les charges dissimulées dans ses sous-vêtements. Le prince s'en était sorti avec quelques blessures superficielles.
Selon Bruce Riedel, "il s'agit du même artificier", Ibrahim Hassan Al-Asiri, un Saoudien de 31 ans installé au Yémen. Selon Le Figaro, "il travaillerait activement à la formation d’un nouvelle génération d’ingénieurs, prêts à prendre la relève".
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