Surveillance téléphonique : quand l'administration Obama perpétue les méthodes de l'ère Bush
Le "Guardian" a révélé mercredi que les agences de renseignement américaines avaient un accès quotidien aux données téléphoniques de millions d'abonnés. Un programme défendu par la Maison blanche.
Lorsqu'il s'agit de lutte contre le terrorisme, Barack Obama a-t-il définitivement adopté les méthodes de son prédécesseur ? Le quotidien britannique The Guardian (en anglais) a révélé, jeudi 6 juin, que l'opérateur américain des télécoms Verizon remettait quotidiennement à la National Security Agency (NSA), l'une des principales agences de renseignements des Etats-Unis, les relevés téléphoniques de millions d'abonnés. Un programme pleinement assumé par l'administration en place.
Le Guardian a publié sur une ordonnance secrète, datant du 25 avril, du tribunal fédéral relatif au renseignement étranger des Etats-Unis, qui donne à la NSA un accès illimité aux données concernées, pour une période comprise entre le 25 avril et le 19 juillet. Des parlementaires ont ensuite révélé que ce type de mesures de surveillance était utilisé depuis 2007.
"Nous devons avoir les outils nécessaires"
Les données comprennent le lieu, la date et la durée des appels, ainsi que les numéros de téléphone qui y ont participé. La NSA n'a en revanche pas connaissance du contenu des conversations.
Le programme n'est pas tout à fait nouveau : il est hérité du "Patriot Act", la loi antiterroriste votée après les attentats du 11 septembre 2001, pendant la présidence de George W. Bush. Loin d'y renoncer, l'administration Obama a perpétué le programme, et l'assume pleinement : "La priorité numéro une du président des Etats-Unis est la sécurité nationale des Etats-Unis. Nous devons avoir les outils nécessaires pour faire face aux menaces posées par les terroristes", a déclaré le porte-parole adjoint de la Maison Blanche, Josh Earnest, depuis Air Force One, l'avion présidentiel.
Une nouvelle controverse pour Obama
Le gouvernement américain est déjà au centre d'une controverse sur la saisie de relevés téléphoniques de journalistes de l'agence de presse américaine AP. Pour l'ONG American Civil Liberties Union, qui a mis en ligne une pétition de protestation adressée à Barack Obama, les dernières révélations sont "une nouvelle preuve de la manière dont les droits démocratiques de base sont remisés au second plan, en secret, au profit des agences de renseignement qui n'ont de comptes à rendre à personne".
Cette polémique est gênante pour Barack Obama, d'autant plus qu'un autre dossier révèle, selon les défenseurs des droits de l'homme, son manque d'empressement à rompre avec les pratiques de l'ère Bush : la prison de Guantanamo, sur l'île de Cuba, où des personnes soupçonnées de terrorisme sont détenues sans procès, parfois pendant plusieurs années.
Une grève de la faim à grande échelle a rouvert le débat, houleux, sur cette prison qui fonctionne en dehors de toute juridiction. Sa fermeture était une des promesses de campagne de Barack Obama en 2008, toujours non réalisée à ce jour.
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