"Mon père a été enterré juste ici, sa tombe est partie" : sur l'île d'Abaco aux Bahamas, un cimetière familial balayé par l'ouragan Dorian
Alors que l'immense majorité des habitants est partie, Bruce Makintosh, 60 ans, ne veut pas quitter ses terres familiales. Il ne décolère pas contre le Premier ministre.
"Les morts se sont réveillés. Ce n’était pas un ouragan, cette chose était un démon", raconte Bruce Makintosh. La tombe de son père était au centre du caveau familial, face à la mer. Elle est désormais deux mètres plus loin. Il y a près de 15 jours, dans cette partie au nord des Bahamas, l'ouragan Dorian a soulevé les stèles et arraché les pierres tombales sur l'île d'Abaco, où certains habitants, comme Bruce, ne se résolvent pas à évacuer.
Colère contre le Premier ministre
Sa colère a trouvé une cible : le Premier ministre conservateur Hubert Minnis, qu’il accuse d’avoir abandonné Abaco. "Monsieur le Premier ministre. Vous avez demandé aux habitants d’Abaco d’évacuer, mais nous n’avons pas de télévision, nous n‘avions pas les moyens de vous regarder. Ils nous ont laissé souffrir. Mon gars, c’est la dernière fois que tu mets les pieds ici."
Pour la première fois depuis le passage de Dorian, Bruce va quitter son île. Dans quelques jours, il rejoindra sa famille, dans la capitale Nassau. "Je veux y aller parce qu’ils pensent que je suis mort. Des centaines de personnes sont mortes. Ils pensent que j’étais parmi elles. Je ne les ai jamais appelés. Je n’ai pas de téléphone."
Une fois ses proches rassurés, Bruce promet qu’il reviendra. "On va reconstruire. Je vais construire une maison sous la terre et quand une tempête viendra, je m’enfermerai."
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