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Récit Des dégâts "sans précédent" aux Bahamas et des habitants impuissants face à l'ouragan Dorian

Les îles de Great Abaco et de Grand Bahama ont été balayées par des vents atteignant par moments les 360 km/h. Sur les réseaux sociaux et dans la presse locale, les habitants ont raconté ce cataclysme.

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Une voiture ensevelie sur l'île de Nassau, dans les Bahamas, le 2 septembre 2019.  (REUTERS)

"Une tragédie historique." C'est en ces mots que le Premier ministre des Bahamas, Hubert Minnis, a qualifié le passage de l'ouragan Dorian au-dessus de l'archipel. Emu aux larmes, le chef du gouvernement a tenu une conférence de presse, dimanche 1er septembre, juste avant que l'ouragan de catégorie 5 – le plus haut niveau sur l'échelle de classification – ne frappe ce territoire des Caraïbes, habituellement paradisiaque. 

>> Opérations de secours, bilan, évolution... Suivez la progression de l'ouragan Dorian en direct

"C'est probablement le jour le plus triste de ma vie, a-t-il lancé, avant d'exhorter les Bahaméens à se mettre à l'abri. Nous sommes face à un ouragan comme nous n'en avons jamais vu dans l'histoire des Bahamas. Il va y avoir des rafales atteignant les 320 km/h". 

Des vagues de sept mètres

Les vents culmineront en réalité à 360 km/h. L'ouragan souffle d'abord sur les îles Abacos (nord de l'archipel), arrachant arbres et toits sur son passage. Très peu de journalistes sont sur place et les premières images sont diffusées sur les réseaux sociaux. On y voit des rues inondées par des vagues si hautes qu'elles atteignent les toitures des habitations. 

Le site du journal bahaméen The Tribune (en anglais) publie plusieurs vidéos terrifiantes, montrant des vagues gigantesques qui engloutissent des maisons en bois. Des rues où des bateaux chavirés flottant dans une eau boueuse au milieu de branches d'arbres, de planches et d'autres débris. "Regardez-moi ça", témoigne Ramond A. King, un résident de l'île de Great Abaco, dans une vidéo transmise à l'AFP montrant les rues jonchées d'arbres et de poteaux électriques arrachés.

Nous avons besoin d'aide, tout est par terre. Regardez mon toit, il s'est écroulé. Je suis en vie, grâce à Dieu. Je peux reconstruire.

Un habitant de l'île de Great Abaco

à l'AFP

D'après le Centre national des ouragans américains (NHC), Dorian a égalé le record, qui date de 1935, de l'ouragan le plus puissant de l'Atlantique lorsqu'il a touché terre. Un rapport de l'institut météorologique, basé à Miami, à quelques centaines de kilomètres des Bahamas, affirme que l'ouragan est assez puissant pour provoquer des vagues de 5,5 à 7 mètres plus hautes que le niveau normal des marées.

A l'intérieur de l'œil

Pendant la nuit de dimanche à lundi, l'œil de Dorian se déplace vers l'île voisine de Grand Bahama, situé à l'ouest de Great Abaco et à 80 km des côtes de Floride. Après avoir essuyé des "vents très très forts, accompagnés d’un rideau de pluie, de tornades et d’une activité électrique intense", les habitants connaissent une étonnante accalmie lorsqu'ils se trouvent dans l'œil du cyclone, explique à franceinfo Olivier Proust, prévisionniste à Météo France.

"Tout s'arrête d'un coup et le ciel redevient bleu. Il n'y a plus de vent, le temps est calme, détaille le météorologiste. Puis, quelques heures plus tard, les vents se remettent à souffler." Des militaires américains ont diffusé des images de l'intérieur de l'œil de Dorian, captées grâce à un avion "chasseur d'ouragan". 

Plus on se rapproche du "mur", plus les vents sont puissants et dévastateurs. Sur un diamètre de 75 km, Dorian maintient sa puissance avec des vents au minimum supérieurs à 119 km/h.  Ensuite, sur un rayon de 220 km, les caractéristiques sont celles d'une tempête tropicale, avec des vents allant de 64 à 118 km/h.

La trajectoire de Dorian suit globalement les contours de l'île de Grand Bahama, avant de se déporter doucement vers le nord. L'ouragan se déplace extrêmement lentement – à seulement 2 km/h – et a donc le temps de tout détruire sur son passage. Un SMS envoyé par une habitante de Grand Bahama, que l'AFP a pu consulter, témoigne de la détresse des habitants pris au piège de cet interminable cataclysme.

Nous sommes sous l'eau. Est-ce que quelqu'un peut nous aider ou nous envoyer de l'aide ? S'il vous plaît. Moi, mes six petits-enfants et mon fils sommes dans le grenier.

Kendra Williams, habitante de Grand Bahama

à l'AFP

Comme sur l'île de Great Abaco, le niveau de l'eau atteint à Grand Bahama la hauteur des toits des maisons de plain-pied. Comme Kendra Williams, cette habitante de Queens Cove, une ville située à l'ouest de l'île, s'est réfugiée en hauteur et a filmé les vagues dévastant les rues.

Sur les réseaux sociaux, les habitants racontent comment les vagues balaient les toitures, déchiquettent le bois des habitations transformés en débris, quand elles ne se ruent pas à l'intérieur même des logements. "C'est la fenêtre de ma cuisine que l'eau frappe et elle se trouve à au moins vingt pieds (six mètres) du sol", raconte à CNN (en anglais) Michael Pintard, le ministre de l'Agriculture des Bahamas, vidéo à l'appui. 

Incapables d'intervenir jusque-là, les autorités bahaméennes ont annoncé, lundi, le début des opérations de secours "là où les conditions le permettent". L'ensemble de l'archipel retient alors son souffle dans l'attente d'un premier bilan. Les dégâts sont "considérables", "sans précédent", selon les premières évaluations communiquées par les secours et des responsables de la Croix-Rouge sur le terrain. Plus de 20 000 maisons auraient été endommagées ou détruites.

Le premier bilan humain n'est annoncé par le Premier ministre qu'en fin de journée : au moins cinq personnes sont mortes et une vingtaine d'autres ont été blessées. Mais le bilan humain s'annonce bien plus lourd. Dorian a considérablement ralenti et se trouve pratiquement à l'arrêt au-dessus des Bahamas. Il a été rétrogradé en catégorie 4 lundi, puis en catégorie 3 mardi. 

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