Pas d'IVG sans avoir vu son fœtus dans huit Etats américains
A partir du 1er juillet, les femmes qui voudront interrompre leur grossesse en Virginie devront subir une échographie. Partout aux Etats-Unis, les mesures dissuasives de ce type se généralisent.
Subir une échographie avant de recourir à un avortement. C'est ce que prévoit la nouvelle loi qui entre en vigueur à partir du dimanche 1er juillet dans l'Etat américain de la Virginie. Pour dissuader les femmes d'interrompre leur grossesse, la loi oblige le médecin à proposer à sa patiente de voir l'image du fœtus et d'entendre les battements de son cœur pendant que lui-même le décrit.
C'est l'accomplissement d'un projet de loi qui a fait le tour du pays. Les élus ultra-conservateurs souhaitaient en effet imposer des échographies par voie vaginale si l'échographie courante (par application de la sonde sur le ventre) ne donnait pas une image claire du fœtus. L'opposition démocrate a alors haussé le ton : introduire un objet dans le vagin d'une femme contre son gré peut être assimilé à un viol.
Le gouverneur républicain Bob McDonnell a finalement fait marche arrière, rappelle le New York Times (lien en anglais). Non sans échapper aux critiques de la star de la télé, John Stewart, qui a traité la Virginie de "Punanny State" ("Etat de la chatte").
Les mesures de dissuasion se répandent
Mais la Virginie est loin d'être une exception. C'est le huitième Etat américain qui rend obligatoire l'échographie avant l'IVG. Et plus d'une vingtaine d'Etats réfléchissent à l'idée d'adopter cette mesure sous différentes formes.
• Au Texas, l'écoute des battements de cœur est obligatoire
Alors qu'en Virginie, les femmes qui ont recourt à l'avortement peuvent refuser les explications du médecin, dans le Texas, la patiente doit entendre les battements de cœur et regarder l'iimage du fœtus.
• Dans l'Utah, 72 heures entre l'accord du médecin et l'intervention
Dans l'un des Etats les plus conservateurs du pays, l'Utah, les femmes enceintes doivent non seulement subir une échographie, mais attendre 72 heures entre le moment où le médecin accepte de pratiquer l'avortement et l'intervention en question. Dans le Dakota du Sud, ce projet de loi est aussi en cours d'adoption.
• Dans le Tennessee, une liste des "avorteurs"
Un amendement a légalisé la tenue d'une liste avec les noms de tous les médecins qui pratiquent des IVG dans le Tennessee.
• Dans l'Arizona, communiquer une anomalie congénitale n'est pas obligatoire
Dans l'Etat de l'Arizona, les médecins sont protégés par la loi s'ils décident de ne pas communiquer des anomalies congénitales du fœtus à leurs patientes.
"Pro-vie" contre "les salopes"
Cette banalisation des idées des "pro-life" ("pro-vie", c'est-à-dire les opposants à l'avortement) a décomplexé certaines personnalités. Au sujet de la contraception, le milliardaire américain Foster Friess a ainsi proposé, en février, une méthode toute personnelle. Pour qu'une femme évite de tomber enceinte, "à mon époque, il suffisait [qu'elle tienne] une aspirine entre les genoux", lance-t-il sur la chaîne MSNBC, suggérant ainsi aux "demoiselles" de serrer les cuisses plutôt que d'avoir un rapport sexuel. Quinze jours plus tard, l'ultraconservateur et star de la radio américaine,Rush Limbaugh traite de "salope" ("slut") une étudiante qui défend le remboursement des moyens contraceptifs par la Sécurité sociale.
Autant de déclarations chocs qui, ajoutés à la promesse du candidat Mitt Romney de réduire les financements alloués au planning familial, ont boosté les associations féministes. Depuis, le président démocrate Barack Obama, candidat à sa réelection le 6 novembre, a gagné des votes féminins, rapporte Le Monde. Le quotidien américain USA Today a annoncé récemment que "plus de six femmes sur dix soutiennent (Obama), alors que leur soutien à Romney a chuté de 14 points, à 30 %".
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