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Pluie de dollars sur le marché de l'art moderne

Les deux plus grandes maisons de ventes aux enchères proposent cette semaine, à New York, des œuvres de maîtres. Certaines d'entre elles devraient s'adjuger à des prix records. 

 

Article rédigé par Nora Bouazzouni
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
"Le Cri" (1895), d'Edvard Munch, est estimé à plus de 60 millions d'euros. (MARIO TAMA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Avis aux collectionneurs fortunés, l'art moderne est à l'honneur cette semaine à New York ! Les deux plus grandes maison de ventes aux enchères, Sotheby's et Christie's, rivalisent d'œuvres rares de peintres célèbres, à des prix records.

Picasso et Cézanne en vedettes

A commencer par Christie's : 32 peintures et sculptures sont proposées aux enchères mardi 1er mai, dont plusieurs dépassent les 7,5 millions d'euros. L'œuvre phare est une aquarelle sur papier de Paul Cézanne, étude préparatoire aux "Joueurs de cartes" (visible au musée d'Orsay, à Paris) dont le peintre avait réalisé cinq versions différentes entre 1890 et 1896. Elle est estimée entre 11,3 et 15 millions d'euros. Propriété depuis les années 1930 du collectionneur texan décédé Heinz F. Eichenwald, elle n'avait pas été montrée depuis 1953.

"Les pivoines", d'Henri Matisse, ont été présentées à Hong Kong le 2 avril 2012. (AARON TAM / AFP)

La maison propose également six Picasso, la star des ventes aux enchères, dont "Deux nus couchés", toile impressionnante de près de 2 mètres de haut (6 à 7,5 millions). Sont aussi mises à l'encan "Les Pivoines" d'Henri Matisse ainsi qu'un petit Giacometti de 61 cm de haut, "Buste de Diego", tous deux estimés entre 6 et 9 millions d'euros.

Un "Cri" à 60 millions d'euros

Sotheby's n'est pas en reste. Elle propose mercredi 2 mai la seule version du célébrissime "Cri" (1895), du peintre norvégien Edvard Munch, qui ne soit pas dans un musée. Vendue par l'homme d'affaires norvégien Petter Olsen, qui le tenait de son père, un ami de Munch, le tableau est estimé à au moins 60,3 millions d'euros. Ils seraient une dizaine à travers le monde à s'être manifestés pour acheter ce pastel sur carton. Certains experts avancent qu'il pourrait valoir largement plus, mais seules neuf œuvres ont déjà dépassé une telle somme aux enchères, dont le "Nu au plateau de sculpteur", de Picasso, cédé pour plus de 100 millions chez Christie's en 2010, et des peintures et sculptures de Giacometti et Klimt.

La "Femme assise dans un fauteuil", de Picasso, peintre vedette des ventes aux enchères. (LEE CELANO / REUTERS)

Outre "Le Cri", Sotheby's offre à la vente "Femme assise dans un fauteuil", un portrait de Dora Maar par Picasso (entre 15 et 22,6 millions d'euros), dont elle était la maîtresse et la muse, "Le chausseur de chez Maxim's", de Soutine (le peintre est exposé jusqu'en septembre à la Pinacothèque de Paris), et un Joan Miró, "Tête humaine", tous deux estimés entre 7,5 et 11,3 millions d'euros. Au total, Sotheby's propose 11 œuvres à plus de 10 millions de dollars. Car la crise ne touche pas tout le monde.

Comment se porte le marché de l'art ?

En 2011, le produit des ventes aux enchères d’œuvres d’art dans le monde a bondi de 21%, atteignant le niveau record de 8,7 milliards d'euros. "On se trouve à nouveau dans une phase spéculative, à son sommet, même. C'est clairement la tendance qui explique cette forte croissance du marché", juge Jean-Pierre de Kerraoul, collectionneur et éditeur du mensuel d'art contemporain Art Press.

"De plus, l'offre est moins élevée que la demande, les grandes collections évoluent, sont plus dynamiques", analyse Pierre Cornette de Saint Cyr, président du Palais de Tokyo et commissaire-priseur.

Qui sont les acheteurs ?

La France, première sur le marché de l'art dans les années 1960, a cédé sa place à Londres, puis New York, et ce sont finalement les Chinois qui sont les plus dynamiques depuis deux ans, avec 41% de part de marché en 2011. "La mondialisation profite évidemment au marché de l'art", estime Pierre Cornette de Saint Cyr. Parmi les nouveaux venus, on trouve aussi les Indiens, les Brésiliens et les Emiratis, ces derniers étant "davantage des créateurs de musées que des collectionneurs privés", ajoute-t-il.

Les initiatives culturelles dans ces Etats pétroliers se multiplient, à l'instar du Louvre Abou Dabi, conçu par l'architecte français Jean Nouvel et qui devrait ouvrir en 2013. Et le Qatar est en bonne place : la fille de son émir, Sheikha Al-Mayassa bint Hamad bin Khalifa Al-Thani, 29 ans à peine, a été nommée en 2011 personnalité la plus influente du monde de l'art par le magazine Art & Auction.

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