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Présidentielle au Chili : deux candidats sont favoris pour le second tour dans un pays divisé

La polarisation du Chili se retrouve dans le duel électoral qui oppose Gabriel Boric, candidat de l'union de la gauche, face à l'ultra-conservateur José Antonio Kast. Ils sont les mieux placés pour s’affronter au deuxième tour de la présidentielle. 

Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
José Antonio Kast (à gauche), candidat du Parti républicain, et  Gabriel Boric (à droite), candidat d"une coaliton de gauche à la présidentielle chilienne. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

La campagne présidentielle s’est achevée jeudi 18 novembre au Chili. Les électeurs voteront dimanche pour le premier tour d’une élection très indécise, pour élire le successeur du président conservateur Sebastian Piñera. Face à une droite regroupée dans les quartiers chics de la capitale autour du candidat ultra-conservateur José Antonio Kast, le candidat de la large coalition de gauche Gabriel Boric a opté pour une campagne de terrain jusqu’à la dernière minute.

Il y a dix ans tout juste, Gabriel Boric était l'un des leaders de l’une des trois révoltes étudiantes qui amènent aujourd’hui le Chili à s’interroger sur ses politiques sociales. "Nous sommes nés des mobilisations et nous luttons pour changer les choses", lance Gabriel Boric. Le voilà désormais candidat à la présidence, à 35 ans, l’avant-bras tatoué, le poing levé et la barbe désormais taillée. 

"Nous ce que l’on veut, c’est former un gouvernement d’espoir de changement et de transformation populaire.”

Gabriel Boric, candidat à la présidence du Chili

Gabriel Boric aspire à faire de son pays un Etat-providence et à touner le dos au modèle économique ultra-libéral établi sous la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990). A Lo Espejo, une commune défavorisée du sud de Santiago du Chili, plusieurs milliers de Chiliens sont aujourd’hui contraints de passer par la soupe populaire chaque jour. La pandémie n’a rien arrangé et la seule solution jusqu’ici, c’est l’entraide. “C’est un secteur abandonné, complètement délaissé par l’État, indique Javiera Reyes qui a été élue maire de cette commune il y a quatre mois. Un quartier qui a mauvaise réputation à cause notamment du trafic de drogue.”  

Un partisan de Gabriel Boric dans un quartier populaire de Santiago du Chili. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

Pour elle, l’homme de la situation ne peut être que Gabriel Boric, candidat de la coalition de gauche  "Apruebo Dignidad", menacé dans les sondages par José Antonio Kast, porté lui par les partisans d’extrême droite. “C’est partout pareil. En France, vous l’avez vécu avec Marine Le Pen. On doit lutter contre ça, avec détermination et conviction", avance Gabriel Boric.   

Un discours ouvertement pro-Pinochet

José Antonio Kast a refusé durant la campagne d'être catalogué d'extrême droite, malgré ses sympathies affichées pour le président brésilien Jair Bolsonaro, l'ex-président américain Donald Trump et le parti espagnol Vox. Cet avocat de 55 ans ne cache pas non plus son admiration pour Augusto Pinochet. Chez ses partisans, le discours est clairement décomplexé. Leur candidat est le gardien du temple, de la dictature du général Pinochet. "Je peux comprendre pourquoi mes grands-parents ont participé au coup d’État, explique ainsi Consuela. Je soutiens tout ce que Pinochet a pu faire et je crois que le Chili a besoin aujourd’hui d’une main de fer, parce que nous sommes sur le point de perdre notre liberté.” 

Plusieurs milliers de personnes rassemblées au dernier meeting de José Antonio Kast à Santiago du Chili. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

José Antonio Kast semble très serein à la tribune, entouré de sa femme et de ses neuf enfants. Il défend les valeurs traditionnelles et rend hommage aux carabiniers chiliens blessés dans les manifestations de 2019 : "Des applaudissements pour nos carabiniers, nos policiers, nos gendarmes, nos forces armées, lance-t-il à ses partisans, qui se sont tant livrés pour que le Chili reste un pays libre. Parce que le Chili est, et restera, un pays libre." Vingt-trois morts et près de 8 000 blessés, c’est le bilan de la révolte d’il y a deux ans. Les ultra-conservateurs chiliens considèrent que c’est le prix à payer pour vivre dans un pays libre. 

Présidentielle au Chili : deux candidats sont favoris pour le second tour dans un pays divisé - Le reportage d'Olivier Poujade

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