: Témoignages "On se sent impuissant" : face aux violences en Haïti, la diaspora souffre depuis l'Hexagone
Un œil sur son téléphone, un œil sur la télévision, qui montre la population haïtienne terrorisée. Depuis Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis, Modeline Michaud, présidente de la Fédération de la diaspora haïtienne d'Europe, suit minute par minute la situation dans son pays d'origine. "Notre pays est en train d'éclater littéralement. De sombrer. Je n'ai pas de mots. Je suis dans la stupéfaction", se désole-t-elle.
Une grande partie de la capitale Port-au-Prince est aux mains de bandes criminelles. Ces gangs s’attaquent aux sites stratégiques du pays, bloquant les ports, les aéroports, les routes et les administrations. Selon l'ONU, le mois de janvier 2024 a été le plus violent depuis plus de deux ans en Haïti, où près de 5 000 personnes ont été tuées en 2023. Le Premier ministre Ariel Henry, contesté par une grande partie de la population, est toujours bloqué à l’extérieur de son pays.
"Les gens vivent dans la peur, la terreur"
Modeline a peur pour une partie de sa famille sur place, sa cousine notamment, qui fait ses études à Port-au-Prince : "Elle a dû rentrer en province à cause de la situation sur place." Une situation catastrophique selon Fedner Milfort, lui aussi membre de la Fédération de la diaspora haïtienne, qui reçoit régulièrement des nouvelles de ses proches sur place.
"Les gens vivent dans la peur, dans la terreur. On ne trouve pas de quoi s'alimenter. Il y a un grave problème d'eau potable qui se pose depuis deux ou trois jours maintenant. Presque toutes les activités sont à l'arrêt, décrit-il. Les ports sont pris, les aéroports sont pris, assiégés par ces gangs malgré les efforts de la police nationale. C'est une des situations les plus catastrophiques que l'on a jamais connues dans le pays."
Alors que peuvent bien faire les membres de la diaspora ici en France, pour aider leurs familles ? Pour eux, pas grand-chose. "Depuis quelque temps, on ne peut pas aller en Haïti parce que tout simplement, la situation sécuritaire ne nous le permet pas, concède Fedner Milfort. Le réseau Internet passe très mal. Donc même les transferts envoyés par des membres de la diaspora ne peuvent pas être retirés par ces familles."
"On se sent impuissant. Qu'est-ce qu'on fait ? Là, on ne sait pas quoi faire", se désole Modeline Michaud. À court terme, il n'y a qu'une solution selon elle : l'envoi au plus vite d'une force armée internationale pour rétablir l'ordre en Haïti. Malgré un accord en octobre 2023 entre l'ONU et le Kenya pour une mission sécuritaire internationale, l'envoi de policiers sur place est toujours bloqué.
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