"Tout va augmenter" : après les premières mesures économiques de Javier Milei, les Argentins inquiets se pressent aux pompes à essence
À l’entrée d’une station-service de Buenos Aires, en Argentine, une dizaine d’automobilistes font la queue. Après 20 minutes d’attente, Clara passe enfin à la caisse. "21 700 pesos ! C'est 30% de plus que la dernière fois. C’est de la folie !" "Heureusement, dit Clara, ce plein devrait lui permettre de tenir un bon mois".
L'augmentation est due à la dévaluation du peso annoncée cette semaine par le gouvernement de Javier Milei.
L'exécutif du nouveau président argentin a en effet décidé de premières mesures économiques d'urgence, dans un message télévisé enregistré. Dévaluation de plus 50% de la monnaie - le peso est passé de 360 à 800 pour 1 dollar -, réduction de moitié des ministères, élimination des subventions aux énergies et aux transports... Dix mesures pour éviter une crise plus profonde, justifie le ministre de l'Economie, Luis Caputo : "Notre mission est d’éviter une hyperinflation. L’origine de nos problème a toujours été d’ordre fiscal."
"Politiquement, on a toujours été addicts au déficit. Aujourd’hui, on est de nouveau face à une opportunité historique car, enfin, un candidat a réussi à faire comprendre à la société qu’il n’y avait plus d’argent dans les caisses."
Luis Caputo, ministre argentin de l'Economieà franceinfo
"L’Argentine est un pays riche en ressources naturelles et humaines. Si on fait ce qu’il faut, on pourra rêver de devenir de nouveau ce grand pays que le monde entier admirait il y a 100 ans", assure Luis Caputo.
Des files d'attente partout dans le pays
Depuis la dévaluation, c’est le même scénario dans tout le pays. Tous viennent faire le plein avant une possible seconde vague d'augmentation. C'est une nouvelle épreuve à endurer dans l’espoir d’un avenir meilleur, veut croire Sandra : "C’est compliqué parce que, maintenant, on va devoir laisser plus souvent la voiture au garage et prendre le bus. Il faut voir combien ça coûtera parce qu’ils vont éliminer la subvention aux transports ! Mais il faut tenir bon ! On espère que les choses s’arrangeront et changeront."
Tous ne partagent pas l'optimisme de Sandra. Ce n'est pas le cas, par exemple, de Juan Carlos. "L’essence valait 350 pesos et aujourd’hui, elle en vaut presque 600, on paye le double, s'indigne ce peintre en bâtiment. Ça fait beaucoup, et notre salaire n’augmente pas, donc c’est dur. Moi, j’ai mes outils, la peinture et je dois forcément prendre la voiture pour travailler. On ne sait pas ce qu'il va se passer, à part qu’il y aura plus d’inflation, que tout va augmenter."
"On peut difficilement être contents du gouvernement parce qu’en quatre jours, tout a déjà doublé !"
Juan Carlos, peintre à Buenos Airesà franceinfo
Stations-service, supermarchés, magasins de vêtements... Partout, l'inflation est sauvage et démesurée. Si l’on en croit le gouvernement, ce ne serait que le début. Le parcours du combattant commence pour les Argentins.
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