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Trois ans après le coup d'état, l'économie du Honduras dans le rouge

Le 28 juin 2009, le président Manuel Zelaya est chassé du pouvoir par les militaires, s’en suivent deux ans et demi d’instabilité et de violences, malgré l’élection d’un nouveau président.
Article rédigé par Florencia Valdés Andino
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des pro-Zelaya manifestent en décembre 2009 lors de l'anniversaire de lancement d'une radio censurée. (ORLANDO SIERRA / AFP)

Inspiré par les pratiques d’Hugo Chavez, Manuel Zelaya entend rester au pouvoir plus longtemps que prévu. Le mandataire moustachu coiffé d'un chapeau de cow-boy organise un référendum dans le but de rallonger son mandat. La constitution ne prévoit que quatre ans.

L’idée ne ravit pas les militaires qui le mettent dans un avion direction le Costa Rica. Le 28 juin 2009, la Cour suprême et le Congrès déclarent que « Mel » Zelaya n’est plus président. Entre-temps, des médias sont censurés et le quotidien des Honduriens est rythmé par des couvre-feux.

Récit du putsch en vidéo


Enlisement économique
Le conservateur Porfirio Lobo, le nouveau président, est élu le 29 novembre 2009, quatre mois après le coup d'état. L’Union Européenne, le Mercosur, l’Organisation des Etats d’Amérique,  le Nicaragua et le Brésil ne reconnaissent pas le scrutin. La coopération économique est interrompue.

Les Etats-Unis vont à contre-courant, mais ils ont besoin de stabilité pour réactiver les échanges et rouvrir le robinet d’aides (en 2011 elles ont été d’un montant de 53,2 millions de dollars d'après le département d'Etat américain).

Un coup dur porté au pays le plus pauvre d'Amérique centrale. En 2011, il réintègre les organisations supranationales. Mais la reprise économique ne suit pas, la crise politique n’a fait qu’exacerber la situation. Deuxième conséquence : l’explosion de la violence. «Ce n'était pas comme ça avant», se plaignent les habitants habitués à se barricader derrière d'épaisses murailles.

La ciudad Juarez hondurienne
Depuis l’arrivée de Porfirio Lobo, les fidèles de l’ex-président dénoncent une persécution, les militants des droits de l’homme des disparitions. Ce qui rappelle les pires heures de la dictature des années 70.

On dénombre au moins 17 morts de journalistes depuis 2010. Année où Reporters sans frontières décrète que le Honduras est un des pays les plus dangereux pour la profession. Les crimes n’ont jamais été élucidés mais les victimes avaient toutes dénoncé le coup d’état, le pouvoir en place, le crime organisé ou la corruption.

Tegucigalpa, la capitale, affiche le taux de meurtres le plus élevé au monde. 82 morts pour 100 000 habitants dans un pays de 8 millions d’habitants en 2011. Et San Pedro Sula- capitale économique -est devenue plus violente que ciudad Juarez au Mexique, selon l’ONU.

Le chômage, 44% de la population active, favorise la prolifération de la violence, malgré un taux de croissance de 3,5% en 2011, boosté par les envois d’argent des Honduriens à l'étranger qui représentent un cinquième du PIB.

A un an de la présidentielle, la situation ne semble pas s’arranger. La conjoncture économique mondiale et une période électorale aux Etats-Unis, son principal partenaire politico-financier, n'aident pas le Honduras à sortir de l'impasse.

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