X-37B, le drone spatial américain qui alimente tous les fantasmes
Cette réplique militaire des navettes de la Nasa a voyagé en orbite autour de la Terre près de deux ans avant d'atterrir en Californie, sans que l'on en sache plus sur sa mission ultra-secrète.
Que de mystère ! Le drone spatial américain X-37B devait atterrir cette fin de semaine, sur la base de Vandenberg, en Californie (Etats-Unis). Après près de deux ans de mission ultra-secrète en orbite autour de la Terre, ce petit vaisseau spatial inhabité, aussi appelé Orbital Test Vehicle (Véhicule orbital expérimental), alimente tous les fantasmes.
A quoi cet engin de 8,8 m de long et 2,9 de haut, réplique miniature des navettes spatiales de la Nasa, a-t-il bien pu servir durant ses plus de 670 jours autour de la planète bleue ?
Une mission "top secrète" et des interrogations
N'allez pas chercher la réponse du côté de l'US Air Force, qui a classé "confidentiel défense" toute information à son sujet depuis 2004. L'un de ses porte-paroles, Chris Hoyler, cité par Bloomberg (en anglais), est catégorique : "Cette mission est top secrète."
Ce que l'armée de l'air américaine accepte de dévoiler, c'est que le drone sert à développer les connaissances en terme de "systèmes de protection thermique, de systèmes à énergie solaire, d'algorithmes de contrôle et de pilotage et atterrissage automatique".
L'Iran, l'Afghanistan et la Corée du Nord dans le viseur ?
Chez Boeing, qui a construit l'engin en lien avec l'US Air Force et l'Agence pour les projets de recherche avancée de défense (Darpa), on explique qu'il sert "des objectifs spatiaux à long terme", dont l'expérimentation de navettes spatiales "réutilisables". Oui, mais l'aspect militaire du drone spatial alimente les théories les plus folles, du satellite espion au développement d'armes spatiales, raconte Slate.fr.
D'abord, parce que lors d'une des premières missions en 2010, le Pentagone avait confirmé à demi-mot que l'objectif de X-37B était de seconder depuis l'espace une éventuelle intervention militaire terrestre, notait le New York Times (en anglais) à l'époque. Ensuite, parce que certains experts ont noté des passages fréquents – une fois tous les quatre jours, le même rythme que celui des satellites de reconnaissance – au-dessus des pays "ennemis" de Washington, dont l'Irak, l'Iran, l'Afghanistan, le Pakistan et la Corée du Nord.
Ou encore la Chine ?
Et quand on sait que l'engin dispose d'une petite soute dotée d'une trappe ouvrante permettant de déployer dans l'espace, puis de récupérer de petits engins, comme le décrit le quotidien américain, tout s'emballe. Peut-il espionner les satellites des autres ? Voire nuire à leur trajectoire et leurs capteurs ?
Par ailleurs, "un article du magazine 'Spaceflight', repris par la BBC News (en anglais) en janvier 2012, émet l’hypothèse que l’appareil aurait en fait pour mission d’espionner la Chine", des observateurs ayant remarqué que sa trajectoire est très similaire à celle de Tiangon-1, la station spatiale chinoise, relate Slate.fr. Mais le site français reprend également un article de Space.com (en anglais) qui explique pourquoi cette hypothèse est "trop peu pratique", selon un expert, pour être valable.
Un engin pour livrer des armes en moins de deux heures ?
Pas plus valable que la théorie selon laquelle le drone spatial permettrait de développer des armes de l'espace ? Si, comme le rappelle Popular Mechanics (en anglais), l'armée américaine a bien cherché à développer un engin spatial supersonique pour livrer des armes n'importe où en moins de deux heures, ce développement est improbable. En raison des volumes de carburant à embarquer à bord et de la "repérabilité" de la navette notamment.
Cela permet au moins "de tester et d'exposer aux rigueurs du vide spatial tout type de matériel", dont des composants et des instruments pour de futurs satellites, "qu'on peut ensuite analyser au sol", souligne plus prosaïquement Futura-Sciences. Ce que semblent confirmer les informations recueillies par The Daily Beast (en anglais), qui affirme que la navette a embarqué de nombreux radars, caméras de toutes sortes et autres capteurs perfectionnés, le tout "reconfigurable" selon les missions, qui n'en restent pas moins secrètes.
En attendant, le seul objectif avoué est de faire durer encore plus longtemps le prochain vol du X-37B, qui plane grâce à des panneaux solaires et une paire d'ailes, et peut changer d'orbite contrairement aux satellites traditionnels. Ses deux premières missions avaient respectivement duré 225 et 469 jours.
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