"Ça ne nous fait pas peur" : à Paris, les fidèles de la mosquée de Javel déterminés à ne pas changer leurs habitudes après les attentats de Christchurch
Les attaques qui ont touché deux mosquées de Christchurch vendredi ont été évoquées par l'imam à l'occasion de la prière.
En France, la surveillance des lieux de culte a été renforcée après l'attentat contre deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, qui a fait au moins 49 morts vendredi 15 mars. C'est le cas à la mosquée de Javel, à Paris, où quatre policiers sont présents sur le trottoir d'en face.
Dans ce lieu de culte, l'attaque est sur toutes les lèvres. "C'est très choquant de voir des vidéos où un assaillant vient armé et se lâche dans un endroit où des gens se recueillent", confie Békir, un fidèle de 26 ans. Mais ce dernier est déterminé à ne pas changer ses habitudes. "Ça ne nous fait pas peur, assure-t-il. Sinon je serais resté chez moi."
Même incompréhension pour Othmane, étudiant. "Qu'est-ce qui passe ? Est-ce que le monde est à l'envers ?, s'interroge-t-il.
Est-ce qu'on ne peut pas laisser les gens tranquilles, qu'ils soient juifs, musulmans, chrétiens, non-croyants ? Il n'y a plus d'humanité. Laissez les gens croire à ce qu'ils veulent.
Othmaneà franceinfo
Au-delà de l'émotion, ce qui pose question parmi ces fidèles, c'est le profil de l'assaillant présumé. C'est un adepte de la théorie du "grand remplacement", une théorie complotiste identitaire popularisée en France par l'écrivain Renaud Camus. Selon ce dernier, les "peuples européens" seraient "remplacés" par des immigrés. C'est une thèse absurde et dangereuse pour Bachir, ingénieur informatique. "Aujourd'hui, on vit dans un monde ouvert, explique-t-il. On peut se déplacer d'un pays à un autre en deux heures. Ce n'est pas un remplacement, c'est un mélange, c'est un échange. Les politiques, les intellectuels doivent vraiment peser leurs mots avant de parler, parce qu'après il y a des gens qui vont prendre ces théories pour un fait et faire des choses atroces derrière et c'est ce qui s'est passé en Nouvelle-Zélande."
Lors de la prière, la tuerie de Christchurch a été évoquée par l'imam, raconte un participant. Il a appelé les fidèles à ne pas se rabaisser à la haine.
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