Au Pakistan, la minorité sikhe victime de persécutions grandissantes
«Nous sommes pakistanais, nous habitons ici. Alors pourquoi est-ce que ça nous arrive? Nous sommes bouleversés par cette brutalité», soupire un vieil homme dans l'un des bazars de Peshawar, le grand carrefour du nord-ouest du pays où les Sikhs se sont regroupés et où leurs commerces ont fleuri dans un univers presque entièrement musulman.
Les Sikhs, souvent reconnaissables à leurs turbans et à leurs barbes non taillées, sont généralement associés à l'Inde, et plus précisément à la province du Penjab. Après la partition des Indes britanniques en 1947, la majorité des Sikhs vivant dans le nouveau Pakistan musulman sont d'ailleurs rentrés en Inde, mais d'autres sont restés au pays des purs, la signification du mot Pakistan en langue ourdoue.
Aujourd'hui, le pays compte environ 20.000 Sikhs qui vivent principalement près de la frontière afghane, une région régulièrement endeuillée par des attentats perpétrés par des insurgés talibans. Jusqu'à présent étaient visées les minorités chiite, chrétienne, hindoue et ahmadie (une branche persécutée de l'islam), épargnant les Sikhs. Mais cette tranquillité d'esprit s'est rompue depuis que des commerçants sikhs ont été tués par balle à l'automne 2014.
Il y a des «gens ne veulent voir aucune minorité se développer»
Au cours de la dernière décennie, les opérations militaires dans les fiefs talibans du nord-ouest ont forcé la migration de millions de personnes incluant des Sikhs qui se sont réinstallés en ville, où ils ne passent pas inaperçus avec leurs turbans uniques, parfois de couleur vive, ce qui les rend plus vulnérables, selon Mme Mehmood. «Ils ne sauront jamais vraiment pourquoi ils sont visés, à part pour le fait (...) que la situation sécuritaire est mauvaise, et que des gens ne veulent voir aucune minorité se développer», précise-t-elle.
Mi-avril, avait lieu à Hasan Abdal, considéré comme un lieu saint du sikhisme à une cinquantaine de kilomètres au nord d'Islamabad, le pèlerinage annuel au gurdwara, le temple où Guru Nanak, le fondateur de la religion sikhe il ya cinq siècles, aurait laissé une empreinte de sa main. L'édifice magnifié d'arches et de dômes a reçu 5.000 pèlerins venus du monde entier, en particulier d'Inde, du Royaume-Uni et du Moyen-Orient.
Malgré la présence d'un miller de policiers, les Sikhs pakistanais disaient ne plus se sentir en paix et s'interroger sur leur avenir en République islamique du Pakistan.
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