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Chine. Cinq choses à retenir sur le nouveau pouvoir

Le nouvel exécutif chinois, réuni autour de Xi Jinping et Li Keqiang, a pris ses fonctions jeudi 15 novembre. Francetv info vous dit tout ce qu'il faut savoir.

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Les nouveaux dirigeants du Parti communiste chinois se présentent devant la presse, le 15 novembre 2012 à Pékin (Chine). (CARLOS BARRIA / REUTERS)

CONGRES DU PC EN CHINE - Le Parti communiste chinois a dévoilé jeudi 15 novembre, au lendemain de la clôture de son 18e Congrès, sa nouvelle direction. Composé de sept membres dont Xi Jinping et Li Keqiang, le nouveau comité permanent du bureau politique va diriger la Chine pour les cinq prochaines années. Francetv info vous dit ce qu'il faut retenir de la nouvelle équipe.

1 Une direction âgée et conservatrice

Si les véritables orientations politiques de l'équipe de Xi Jinping restent inconnues, le nouveau comité permanent du bureau politique est dominé par les conservateurs. Parmi les sept membres qui le composent, quatre - Zhang Dejiang, Yu Zhengsheng, Liu Yunshan et Zhang Gaoli - sont étiquetés conservateurs et réputés proches du prédécesseur de Hu Jintao, Jiang Zemin (1993-2002). Pressenti un temps comme vice-Premier ministre exécutif, un poste stratégique pour la politique économique du pays, Wang Qishan, partisan d'une libéralisation du secteur financier chinois, dirigera finalement l'organisme anti-corruption du parti, un poste moins prestigieux.

"Dans l'ensemble, nous avons une équipe conservatrice", a réagi sur CNN (article en anglais) Willy Lam, de l'université chinoise de Hong Kong. "Nous ne pouvons espérer aucun geste substantiel ou significatif en matière de réforme politique", poursuit le sinologue. Secoué par d'importants scandales cette année, dont l'affaire Bo Xilai, le parti a donc joué la prudence avec cette équipe stable et homogène. "Le Parti retombe sur ses pieds. Après les conflits et les luttes de factions, ils ont réussi à mettre en place une équipe restreinte [7 membres au lieu de 9 précédemment] et soudée", résume pour francetv info Stéphanie Balme, chercheuse au Centre de recherche international (Ceri) de Sciences Po.

Le second trait marquant de ce comité permanent est sa moyenne d'âge élevée avec cinq membres nés dans les années 1940. Conséquence, à l'exception de Xi Jinping et Li Keqiang, ils ne pourront exercer qu'un mandat de cinq ans. "A moins d'un nouveau cycle de crise, ils ne peuvent pas aller au-delà du prochain Congrès", rappelle Stéphanie Balme. En 2017, ils seront en effet atteints par la limite d'âge, qui veut que tout leader âgé de 68 ans et plus quitte ses fonctions. Il faudra donc nommer une nouvelle équipe pour le second mandat du tandem Xi-Li.

2 Les réformateurs passent leur tour

Dans la course pour un strapontin au sein du comité permanent, Wang Yang et Li Yuanchao, perçus comme les dirigeants les plus réformateurs de leur génération, se sont fait doubler dans la dernière ligne droite. Ils apparaissent comme les principales victimes du resserrement du comité permanent, qui passe de 9 à 7 membres pour faciliter la prise de décision. "Ils avaient un profil très spécifique. Pour éviter toute sorte de tension, il valait mieux que ce leadership présente une homogénéité de valeurs", analyse Stéphanie Balme.

Selon le South China Morning Post (article en anglais), les candidatures des deux hommes ont été rejetées par les anciens du parti, dont l'ex-Premier ministre Li Peng. Ces protégés de Hu Jintao ont également payé leur jeunesse et leur faible expérience par rapport à d'autres dirigeants comme Yu Zhengsheng, Zhang Dejiang ou Li Yunshan qui ont déjà exercé deux mandats au sein du bureau politique.

Âgés respectivement de 57 et 62 ans, Wang Yang et Li Yuanchao, reconduits au sein du bureau politique élargi, pourront toutefois retenter leur chance au prochain Congrès, lorsqu'il faudra renouveler 5 membres sur 7 du comité permanent. 

3 Les favoris pour 2022 confirmés

Premiers dirigeants nés dans les années 1960 à être nommés à la tête d'une province chinoise en 2009, Hu Chunhua et Sun Zhengcai continuent de faire la course en tête pour la succession de Xi Jinping et Li Keqiang en 2022. Âgés de 49 ans, ils sont les plus jeunes dirigeants du nouveau bureau politique élargi, un organe qui compte 25 membres dont les 7 membres du comité permanent, comme l'explique l'agence de presse Xinhua. A l'inverse, leur camarade Zhou Qiang, qui appartient également à la 6e génération, n'a pas réussi à se hisser au sein du bureau politique.

Selon l'agence Reuters (article en anglais), les deux hommes devraient également être nommés dans deux importantes provinces. Sun Zhengcai, qui dirigeait jusque là la province de Jilin, serait nommé à Chongqing, la mégalopole du centre de la Chine que dirigeait Bo Xilai avant sa chute spectaculaire début 2012. Hu Chunhua, le patron de la Mongolie intérieure depuis 2009, devrait lui prendre les rênes de la province la plus riche de Chine, le Guangdong.

4 La première transition "normale" du régime

C'est la principale surprise de ce 18e Congrès. Hu Jintao, le numéro un chinois depuis 2002, a cédé à Xi Jinping sa troisième casquette, la présidence de la Commission militaire centrale, le puissant organisme du parti qui chapeaute l'armée chinoise. Depuis 1993, le numéro un chinois occupe en effet trois fonctions : secrétaire général du parti, président de la Commission militaire centrale et président de la République populaire de Chine.

Lors de la précédente transition, Jiang Zemin avait conservé le contrôle de l'armée pendant deux ans, ne cédant la place de général en chef à Hu Jintao qu'en 2004. Sur la foi de ce précédent, certains analystes estimaient que Hu ferait de même, rapportait l'AFP (article en anglais) début novembre. De son propre chef ou à cause des pressions de ses pairs, Hu a finalement lâché le dernier levier de pouvoir qu'il possédait.

Mais le numéro un sortant n'a pas perdu toute influence pour autant. "Rien ne l’empêche de gouverner derrière le rideau, il est fort possible qu'il ait plus de pouvoir que quand il était président", explique Stéphanie Balme. En Chine, les dirigeants à la retraite sont toujours consultés par leurs successeurs et participent aux manifestations officielles, comme le Congrès. Selon le New York Times (article en anglais), Jiang Zemin a joué un rôle important dans la composition de la nouvelle équipe.

5 Il n'y a toujours pas de femmes au sommet du parti

Première femme à faire son entrée au sein du bureau politique, Liu Yandong ne rééditera pas l'exploit avec le comité permanent. Même si son nom avait circulé ces derniers mois, son absence n'est pas une surprise. "Les femmes sont souvent mises à l'écart, elles ont un rôle de second couteau", explique Stéphanie Balme. La chercheuse rappelle que la gent féminine souffre d'une mauvaise image dans la politique chinoise, à cause notamment des excès de Jiang Qing, la quatrième femme de Mao.

Liu Yandong conserve cependant sa place au sein du bureau politique, où elle est rejointe par une deuxième femme, la patronne du Fujian, Sun Chunlan. Les femmes ne sont pas les seules oubliées par le Parti. "Il n'y a pas beaucoup de jeunes ou de minorité ethnique, observe Stéphanie Balme. Il n'y a que des hommes âgés, que des Hans [l'ethnie majoritaire en Chine], c'est homogène."

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