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De plus en plus ostracisée par la Chine, Taïwan joue la carte Trump

La présidente taïwanaise Tsai Ing-wen entame, le 8 janvier 2017, une tournée de 5 jours au Honduras, Nicaragua, Guatemala et Salvador. En dépit des protestations de Pékin, la dirigeante taïwanaise transitera par Houston et San Francisco. Lors d'une précédente tournée diplomatique, du 24 juin au 2 juillet, au Panama et au Paraguay, la dirigeante avait fait escale à Miami et Los Angeles.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
La présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, visite le Paraguay le 29 juin 2016, lors de son premier voyage à l'étranger depuis son entrée en fonction en mai 2016. (NORBERTO DUARTE / AFP)

​La nouvelle présidente taïwanaise a repris son bâton de pèlerin pour sillonner des petits pays d'Amérique centrale qui continuent à entretenir des relations diplomatiques officielles avec Tapei. Mme Tsai assistera, le 10 janvier, à la cérémonie d’investiture de Daniel Ortega, réélu en novembre 2016 à la tête du Nicaragua. C'est l'un des cinq Etats, avec le Honduras, le Panama, le Salvador et le Costa-Rica, qui résiste à Pékin dont les partenaires ont l'interdiction formelle de signer un accord de libre-échange directement avec Taïwan, pourtant membre de l'OMC depuis 2002

Au grand dam de la Chine, la dirigeante taïwanaise transitera les 7 et 8 janvier par Houston et les 13 et 14 par San Francisco. C'est pour lui éviter un minimum de reconnaissance internationale, dont a pourtant besoin Tapei pour prétendre au statut d'Etat souverain, que le ministère chinois des Affaires étrangères a demandé à Washington de ne pas l'autoriser à faire de halte aux Etats-Unis. Et ainsi à «ne pas envoyer de signaux erronés aux forces indépendantistes taïwanaises».

Trump brise quatre décennies de silence
Les escales «privées» de Mme Tsai ne contredisent en rien la politique d'«une seule Chine» et «sont en accord avec le caractère officieux de nos relations avec Taïwan», a réagi l'American insittute in Taïwan.

Considérant que Taïwan lui appartient, la Chine a très mal digéré l'entretien téléphonique entre Donald Trump et la dirigeante taïwanaise, en décembre 2016. Le milliardaire, vainqueur de la présidentielle américaine, a jeté de l'huile sur le feu en évoquant un possible rapprochement avec Tapei, alors que Pékin n'a jamais renoncé à la possibilité de recourir à la force pour rétablir sa souveraineté sur l'île.

Dans ce contexte tendu, Pékin a intensifié ses exercices militaires en mer de Chine méridionale en déployant son unique porte-avions, le Liaoning, le long de la côte est de Taïwan. 

Mme Tsai ne «pliera pas» face aux «menaces d'intimidation»
La présidente taïwanaise a regretté, dans son discours de fin d'année, que les autorités de Pékin «réutilisent les vieilles méthodes pour isoler et se débarrasser de Taïwan, parmi lesquelles les menaces et l'intimidation». «Nous ne plierons pas mais nous ne retournerons pas sur le vieux chemin de la confrontation», a-t-elle ajouté exhortant Pékin à renouer le dialogue pour trouver une solution «raisonnable».

Les relations entre Pékin et Tapei se sont considérablement rafraîchies depuis l'arrivée au pouvoir, le 20 mai 2016, de la dirigeante et de son Parti démocratique progressiste (PDP), mouvement aux positions traditionnellement indépendantistes. En juin 2016, la Chine avait annoncé la suspension de toute communication avec Taïwan, le nouveau gouvernement de l'île ne reconnaissant pas le concept d'«une seule Chine». Tapei accuse Pékin de vouloir décourager le tournisme chinois dans l'île, en net recul depuis mai

Sao Tomé-et-Principe repasse du côté de Pékin
A ce jour, 21 Etats entretiennent des relations avec Taïwan, contre 26 pays en 2006. Outre les pays d'Amérique centrale réprésentant 0,2% du commerce taïwannais, ceux des Caraïbes ou du Pacifique, alignés sur la diplomatie américaine, le Vatican – seul Etat européen – et deux pays africains, le Swaziland et le Burkina Faso, lui sont fidèles. En revanche, l'île africaine de Sao Tomé-et-Principe est offiellement repassée du côté de Pékin, en décembre 2016. Taïwan et ses 23 millions d'habitants a du mal à faire le poids face à son voisin chinois qui en compte 1,3 milliard.

Les tensions entre les deux rivaux du détroit de Formose remontent à la séparation politique de l'île, en 1949, quand les nationalistes du Kuomintang (KMT) défaits pas les communistes se sont exilés sur l'autre rive. Depuis, la Chine communiste considère Taïwan comme une province sécessionniste, l'île n'ayant jamais été rattachée au Continent et étant de facto indépendante depuis 67 ans.

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