Cet article date de plus de neuf ans.

Indonésie : Jakarta encourage les banques islamiques

Les autorités de Jakarta veulent soutenir et promouvoir le secteur bancaire islamique. Dans la première économie d'Asie du Sud-Est, attachée aux valeurs de l’islam, où on estime que 40% de la population n’a pas de compte bancaire, le potentiel de croissance du secteur est grand.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une employée indonésienne de la division islamique de la Bank Negara Indonesia avec deux clientes (2003). (AFP PHOTO / ADEK BERRY)

Le gouvernement indonésien a pour projet de fusionner quatre banques islamiques, filiales d'entreprises publiques. But : créer un méga-établissement bancaire, qui respectera les principes de la charia (interdiction du recours aux taux d'intérêts et à la spéculation ainsi qu’à des investissements dans des secteurs de l'alcool ou du porc), pour offrir de meilleurs services à la population.
 
Le partage des pertes et profits, dépendant de la santé financière de l’établissement, et la rentabilité liée aux projets d'investissement sont la base du fonctionnement de ces banques.
 
Autre projet pour 2015 : la création d'une commission nationale des finances islamiques chargée de superviser le secteur et d'être un contact pour les investisseurs étrangers. Lesquels peuvent depuis juin porter à 40% le taux de leur investissement dans les banques islamiques indonésiennes. Il s’agit d’un appel du pied de Jakarta aux prêteurs du Moyen-Orient, comme Al Baraka Banking Group de Bahreïn, Dubai Islamic Bank ou Abu Dhabi Islamic Bank, qui attendent de pouvoir étendre leurs activités dans le plus grand pays musulman du monde.

Le financement d’infrastructures
Le président Joko Widodo, qui a lancé une campagne de promotion de la finance islamique en juin 2015, vise une croissance de 7% avant la fin de son mandat en 2019. Il prévoit de dépenser, selon Bloomberg, l'équivalent de 425 milliards de dollars sur les cinq prochaines années pour construire des barrages, voies ferrées et aéroports. Il a donc besoin de fonds étrangers car le budget de l'Etat ne peut couvrir que 30% des coûts de développement, indique le ministère des Transports indonésien.
 
Une employée dans une banque locale de Jakarta, le 12 mars 2009.  (AFP PHOTO / ADEK BERRY)

Pour les autorités, qui ont lancé une stratégie sur 5 ans en vue de tripler la part de marché du secteur financier de 15% d’ici 2023, le moment est aussi favorable parce que les revenus de nombreux Indonésiens ont été boostés par des années de croissance. Sachant que 40% d’entre eux pourraient à court terme ouvrir un compte bancaire, et que la popularité de ces banques islamiques auprès d'une population de plus en plus attachée aux pratiques religieuses va croissante, la période est propice à cette démarche.

Le développement des banques islamiques intervient également dans un contexte d'augmentation des micros, petites et moyennes entreprises, qui sont évaluées à 50 millions, selon des sources gouvernementales. Elles représentaient quelque 97% de toutes les entreprises et contribuaient «à hauteur de 30% de la croissance du PIB en 2012», précisaient en 2013 le site CGAP. Lequel ajoutait: «Sans surprise, cependant, beaucoup d'entre elles ne disposent pas d'un accès adéquat au financement bancaire dont elles ont besoin pour développer leurs activités.»
 
Seulement 5% des actifs bancaires
Entre 2008 et 2012, ces structures financières ont affiché une croissance de plus de 40%, selon l'autorité de régulation financière indonésienne. Un bond rendu possible après une simplification des procédures de création de tels établissements. Pour autant, ceux-ci ont encore une marge de progression importante : le secteur représente moins de 5% des actifs bancaires en Indonésie (225 millions de musulmans sur 250 millions d'habitants), contre 25% en Malaisie et environ 50% en Arabie Saoudite.
 
Mais les grands établissements classiques ont encore de beaux jours devant eux avant que les «petites» banques islamiques, dont la première n'est apparue dans le pays qu'en 1992, ne leur fassent de l’ombre. D’autant que ces dernière offrent de faibles retours sur investissements et proposent moins d'avantages que leurs concurrentes.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.