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La disparition du roi Bhumibol Adulyadej plonge la Thaïlande dans l'incertitude

Bhumibol Adulyadej, 88 ans, était le plus vieux monarque en exercice. Seule figure stable de la Thaïlande, pays en crise depuis des décennies, il cultivait son statut d'icône, de père de la Nation et même de demi-Dieu. En juin 2015, il avait célébré ses 69 ans de règne, contre 63 pour la reine d'Angleterre Elizabeth II.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le roi de Thaïlande  Bhumibol Adulyadej est décédé, le 13 octobre 2016, à l'hôpital Siriraj, après 70 ans de règne.  (Wasawat Lukharang / NurPhoto)

La mort de Bhumibol Adulyadej a été annoncée le 13 octobre 2016, par un communiqué laconique du palais royal indiquant qu'il s'était éteint «paisiblement à l'hôpital Siriraj». C'est là qu'il était soigné depuis deux ans durant lesquels très peu d'informations ont filtré sur son état de santé. Le monarque n'était pas apparu en public depuis près d'un an.

Il accède au trône, le 9 juin 1946
C'est à la suite du décès tragique de son frère, dans un accident ,que Bhumibol Adulyadej accède au trône, le 9 juin 1946. Le jeune souverain terminera des études en Suisse avant d'être couronné, en 1950, à l'âge de 23 ans, sous le nom de Rama IX.

Fait exceptionnel, le Palais royal avait indiqué, le 9 septembre 2015, que le souverain était soigné depuis plusieurs mois à l'hôpital de Bangkok pour une «infection du sang» et «une inflammation du poumon droit». Ces dernières années, le roi avait été hospitalisé à plusieurs reprises, notamment pour une infection pulmonaire et plus récemment pour de l'hydrocéphalie.

Le Palais avait même publié une vidéo du monarque, qui apparaît rarement en public, montrant Bhumibol Adulyadej en fauteuil roulant dans un magasin près de l'hôpital, alors que des dizaines de Thaïlandais à genoux scandent «longue vie au roi».


  
Ses portraits sont omniprésents à travers le pays dont la grande majorité des habitants n'a vécu que sous son règne. Sans oublier les petits films à sa gloire diffusés dans les cinémas avant chaque séance.


Le culte de la personnalité du roi Bhumibol s'est même renforcé depuis le coup d'Etat du 22 mai 2014, perpétré au nom de la défense de la monarchie thaïlandaise. Cette dernière est protégée par une des lois de lèse-majesté les plus sévères du monde qui a pour conséquence une importante autocensure des médias, y compris étrangers. 

En août 2015, un homme a été condamné à 30 ans de prison, et une femme à 28 ans, après avoir publié plusieurs messages sur Facebook jugés insultants pour la famille royale. Au moins une vingtaine d'arrestations de ce genre ont eu lieu depuis le putsch de 2014, un nombre «sans précédent», déplore Amnesty International.

Le prince Vajiralongkhom peu populaire
Envisager le pays sans le vieux mornarque Bhumibol à sa tête paraît inimaginable pour nombre de Thaïlandais de la classe moyenne et les milieux d'affaires à Bangkok, très proches du roi et de l'armée. «La majorité des Thaïlandais est favorable à la monarchie, mais les interventions du Palais royal en politique sont très mal vécues par certains», expliquait récemment au quotidien Le Monde Pavin Chachavalpongpun, universitaire thaïlandais.

Le fils aîné du roi, Maha Vajiralongkorn, 64 ans, est désigné comme héritier du trône depuis les années 70. Mais, selon Pavin Chachavalpongpu, «il y a des rumeurs persistantes selon lequelles les élites traditionnnelles préféreraient la princesse Sirindhom pour succéder» à l'actuel roi. Surnommée Pathé par les Thaïlandais, la princesse Maha Chakri Sirindhom aurait la préférence du peuple.

Même si personne n'osait en parler ouvertement, la perspective de la disparition du roi Bhumibol s'était immiscée dans la vie politique du pays qui a connu, depuis l'abolition de la monarchie absolue en 1932, 19 coups d'Etat ou tentatives de coup d'Etat et 18 Constitutions différentes.

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