La Thaïlande en prise à un climat délétère de violence
Le 22 mai 2014, après avoir écarté les principaux responsables politiques et instauré la loi martiale, l’armée prend le pouvoir en Thaïlande. Un putsch de plus pour le pays, qui en comptabilise douze depuis la fin de la monarchie absolue en 1932.
Depuis sa prise de pouvoir, le Conseil national pour la paix et l’ordre veut, selon ses dires, «ramener le bonheur en Thaïlande». Un idéal qu’il tente de toucher du doigt en faisant régner la peur dans le pays.
Un rapport d’Amnesty International sur la répression, rendu public le 11 septembre, atteste des manquements aux droits de l’Homme de la junte militaire. Intitulé «Attitude adjustment – 100 days under Martial Law», le document fait état de centaines d’arrestations arbitraires et de tortures subies par les civils.
«J’ai appris ce que cela voulait dire d’avoir peur de mourir»
Militer pour ses idées politiques semble alors devenir mission impossible. Krituda Khunasen, arrêtée le 27 mai 2014, en a fait les frais. Elle brise le silence sur le contexte de sa détention. «Quand je ne répondais pas assez vite, je recevais des coups de poing dans la figure et le ventre. Des soldats me plaçaient un sac de plastique sur la tête et, une fois évanouie, ils me rouaient encore une fois de coups. J’ai appris ce que cela voulait dire d’avoir peur de mourir.»
Un cas que connaissent des centaines d’opposants politiques, incarcérés sans inculpation ni procès. Pour Richard Bennett, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty, il s’agit clairement d’«une politique de persécution et d’une tentative de réduire l’opposition au silence.»
Procès iniques et restrictions de la liberté d’expression
Suite à l’instauration de la loi martiale en Thaïlande, toute personne inculpée par la junte doit comparaître devant un tribunal militaire. Mais là encore, les procès sont biaisés. Les procédures d’appels sont inexistantes et les juges militaires peu à même de statuer sur des affaires impliquant des civils.
Le jugement rendu, les personnes inculpées doivent signer une déclaration sur l’honneur qu’ils ne tenteront pas de sortir du territoire ou de poursuivre leurs activités politiques. En cas de récidive, ils peuvent même se voir retirer leur passeport.
Une absence quasi-totale de liberté d’expression que l’armée tente d’étendre sur la Toile. Ainsi, des centaines de sites internet ont été fermés ou bloqués, des comités de censure ont été créés pour surveiller les médias et de nombreuses personnes ont été menacées d’emprisonnement pour avoir mis en ligne des informations perçues comme critiques.
Le rapport adresse aux autorités une série de recommandations leur demandant de rétablir le respect des droits humains dans le pays. «Les autorités thaïlandaises doivent mettre un terme à ces pratiques inquiétantes de répression et de violation des droits fondamentaux, respecter leurs obligations internationales et permettre des débats libres et ouvertes », conclue Richard Bennett.
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