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Le Cambodge dit non à la pub pour la «chirurgie de la virginité»

Le gouvernement cambodgien vient d’interdire à une clinique privée de faire la publicité de l’hyménoplastie au nom de la «moralité». Pourtant, cette chirurgie réparatrice de l’hymen est couramment pratiquée au Cambodge en raison de l'importance accordée à la virginité dans les familles.
Article rédigé par franceinfo
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Jeunes Cambodgiennes. (AFP PHOTO / TANG CHHIN SOTHY)

Jusqu'ici, les établissements de Phnom Penh réalisaient des hyménoplasties en toute discrétion. Mais récemment, l'hôpital Victoria International de la capitale cambodgienne a choisi d'en faire la promotion à la télévision, la radio et dans les journaux. Dans une lettre du 23 janvier 2015 adressée à l'établissement, le gouvernement lui a ordonné de «cesser de faire de la publicité à propos de cette chirurgie de la virginité» parce que cela «affecte la moralité et les belles traditions de la société cambodgienne».

L'ancienne ministre du Droit des femmes Mu Sochua, aujourd'hui dans l'opposition, a critiqué ces actes chirurgicaux comme potentiellement dangereux. «La restauration de la virginité peut sérieusement compromettre la santé des femmes si l'opération n'est pas réalisée par des professionnels», a-t-elle dit.

L'obsession de la virginité à l'heure du mariage, bien que surtout répandue chez les femmes musulmanes au Moyen-Orient, l'est également dans d'autres pays d'Asie, comme la Chine, où elle n'est en aucun cas liée à la religion. Au Cambodge, les cas se seraient multipliés depuis plusieurs années, et un grand nombre de jeunes filles recourent à cette pratique pour des raisons culturelles et familiales. 

Expérience traumatisante 
Peu importe le risque qu'elles encourent en cas d'opération ratée. Et même si l'expérience s'avère souvent traumatisante, ces jeunes Cambodgiennes estiment que le jeu en vaut la chandelle. «Cela représente l’honneur de la famille», expliquait à Cambodge Soir Hebdo, en 2010, Sivann Botum, alors secrétaire d’Etat chargée des Bonnes mœurs au ministère des Affaires féminines, ajoutant: «Si le mari apprend que son épouse lui a menti, il demandera le divorce et la fille culpabilisera toute sa vie.»

A l'époque, Ping Chutema, directrice des cliniques de l’ONG Reproductive Health Association of Cambodia, déplorait pour sa part que «les filles doivent attendre le mariage pour avoir des relations sexuelles. Pas les hommes. Aussi, la prostitution prospère».

Alors que le secteur hospitalier cambodgien, notamment public, n'est pas réputé pour ses performances, les Cambodgiennes qui en ont les moyens choisissent de se rendre au Vietnam ou en Thaïlande pour se refaire une virginité.

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