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Les Philippines, un archipel de pauvreté

Selon le «Philippines Daily Inquirer», le passage du typhon Haiyan, le 9 novembre 2013, a touché au moins 9 millions de personnes. Aujourd’hui, des milliers de Philippins attendent de ne pas mourir de faim et de soif. Dans cet archipel de 7.017 îles, il n’est pas besoin d’une catastrophe naturelle pour manquer de tout. Retour sur un pays où un quart de la population vit dans la grande pauvreté.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
A Tacloban, dans la partie orientale de Leyte, aux Philippines, après le passage du typhon Haiyan, le 12 novembre 2013. (AFP PHOTO / NOEL CELIS)

Le 12 novembre, La Tribune, qui s'appuyait sur une étude HSBC, expliquait que l'économie des Philippines devrait pouvoir surmonter les «effets dévastateurs du passage du typhon». Le site revenait sur le modèle économique du pays basé «sur une forte consommation des ménages alimentée par une croissance démographique soutenue. Il y aujourd'hui 98 millions de Philippins, contre 74 millions voici quinze ans», à 95% catholique.

Certes, mais en juillet 2012, 27,9% de la population vivait avec 0,47 euro par jour (seuil officiel de pauvreté), voire moins, comme le détaille le Philippines Daily Inquirer. Et le taux officiel de chômeurs s’établissait à 26,7%. Conséquence : 10% de la population travaille à l'étranger, souvent dans des emplois peu qualifiés, pour faire vivre leur famille. Les Philippines arrivent en 4e position, selon l’Unicef, en termes du plus grand nombre d’enfants qui se prostituent.
 
L'insécurité et le sous-emploi, des maux de la société philippine
Si les événements climatiques réguliers mettent à mal l’économie, quarante ans de confrontations armées entre divers mouvements rebelles et l’armée ont entraîné des centaines de milliers de morts et de millions de déplacés. Cette violence a pour conséquence d’aggraver la pauvreté et les inégalités. Dans les zones de conflit, plus de 50% de la population n’a pas accès à une eau de bonne qualité, explique AICF.
 
Les autorités du pays expliquent également cette pauvreté (dont le taux n’a pas varié de 2006 à 2012) par l'insécurité dans les provinces en proie à des insurrections. Mais aussi le sous-emploi dans les régions rurales et la chute des cours de produits d'exportation, comme le sucre notamment.


D'énormes disparités
Et bien que l'accélération de la croissance aux Philippines se soit poursuivie au deuxième trimestre 2013, avec un taux de 7,5% sur un an (5% affichés en moyenne ces dix dernières années), le plus élevé des pays d'Asie du sud-est, tous n’en profitent pas.
 
Alexia Fouargue, travailleuse humanitaire, dénonce l’inégalité socio-économique. «En 2012, les 40 Philippins les plus riches (…) possédaient 21% du PIB, soit 47,4 milliards de dollars.» Elle remarque que la privatisation des services publics (éducation, santé, eau…) appauvrit la population. Et aussi que la répression contre toute forme de rébellion est généralisée, notamment dans les îles où les compagnies étrangères extraient des minerais. On assiste à un boom dans le secteur minier (cuivre, or, argent, nickel). Cependant, la taxation étant faible, l’Etat ne perçoit de ce secteur que très peu de royalties.
 
L'archipel a longtemps été à la traîne économique du Sud-Est asiatique. Motif : il est rongé par la corruption et la mauvaise gestion, maux contre lesquels le président Benigno Aquino a promis de lutter quand il est arrivé au pouvoir en juin 2010.
 
Cependant, dans un pays où 70% de la population travaille dans le secteur agricole (cocotiers, tabac, riz, bananes, café), les cultures ne suffisent plus à nourrir une population  en constante augmentation, comme l’indique L’Humanité. Le pays doit ainsi importer du riz du Vietnam ou des huiles alimentaires.
 
Les solutions avancées par le Plan national de développement pour éradiquer la pauvreté font polémique. Notamment dans les îles du Sud (Mindanao et de Palawan), où le gouvernement a prévu l’extension à grande échelle de plantations de palmiers à huile, au grand dam des habitants.
 
En relevant début 2013 la note de la dette souveraine du pays, en raison, selon elles, d’une croissance soutenue et de réformes publiques, les agences de notation ont amélioré la confiance des investisseurs étrangers. Mais le pays a besoin d’une longue période de forte croissance et d'investissements s'il veut faire reculer le chômage et endiguer la pauvreté.

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