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Mort de Lee Kuan Yew, père fondateur de Singapour
Un seul titre, une seule photo à la Une de la presse singapourienne. «Lee Kuan Yew, 1923-2015 ». La richissime Cité-Etat de Singapour rendait hommage lundi 23 mars 2015 à son «père fondateur», qui gouverna le pays de 1959 à 1990 pour la «transformer de comptoir colonial en ville prospère», selon les mots du journal local «The Straits Times».
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Il est vrai que l’ancienne colonie britannique est devenue une puissance économique incontournable, L'îlot tropical est maintenant une ville moderne hérissée de building, abritant un des plus grands ports au monde.
L'ancienne colonie britannique (achetée en 1819 pour 33.000 pesos au sultan de Johor) devenue indépendante en 1965 est aujourd'hui un îlot d'ordre et de prospérité au centre de l'Asie (avec un PIB par habitant équivalent à celui des USA). Ce statut, elle le doit en partie à Lee Kuan Yew, son ex-premier ministre qui vient de mourir à l’âge de 91 ans. Portrait du batisseur de cette Etat hors du commun.
«Tigre asiatique»
Singapour est un archipel de 64 îles situé tout au bout de la péninsule malaise, dont la principale, Pulau Ujong (584 km2) abrite la ville. Colonie anglaise, elle devient indépendante en 1965. Au moment de ce changement de statut, le pouvoir revient au People's Action Party dont le leader s’appelle Lee Kuan Yew.
Résultat, privé de son arrière pays, l'archipel a du jouer sur sa position stratégique (le contrôle du détroit de Malacca) et une spécialisation économique pour se développer.
Après des études en Angleterre (London School of Economics, Cambridge), Lee Kuan Yew va gérer le petit Etat comme une entreprise. La démocratie est plus qu'autoritaire. Pour preuve, le Parti d'action populaire (PAP), un temps proche de syndicats pro-communistes, cofondé par Lee Kuan Yew, a été reconduit au pouvoir à chaque élection depuis 1959, et détient actuellement 80 des 87 sièges au Parlement.
Sur un plan économique, au cours de ses 30 ans de pouvoir, le leader singapourien a su jouer de la petite taille de son pays pour s'imposer au centre des grandes puissances de la région: Indonésie, Malaisie et Chine.
Le fondateur de l'Etat a développé un pouvoir paternaliste (90% des Singapouriens sont propriétaires de leur logement), efficace (2% de chômage), ouvert sur le monde. «Les moyens sont la discipline, l’autorité, la compétence. Le guide ne peut s’encombrer des réserves de certains sur son projet. Il y a encore moins d’espace pour une opposition», note Jean-Claude Pomonti dans Le Monde.
Sous la houlette de son «père fondateur» Singapour connaît une croissance impressionnante. Quelque 9% par an en moyenne (6,8% par an depuis 1980). L'économie, largement orientée par l'Etat, s'est tour à tour développée grâce à son port, puis grâce à l'industrie, aux hautes technologies, puis et surtout sur les services, comme la finance.
«Coût important en matière de droits de l'homme»
Du fait de la nature de son économie, très ouverte et dépendante du commerce mondial, la croissance singapourienne a souffert des suites de la crise de 2008, même si avec la reprise du commerce mondial, la Cité-Etat connaît de nouveau des chiffres de croissance qui ferait pâlir de jalousie la zone euro.
«La cité-État met tout en œuvre pour créer un environnement économique favorable au développement et à l’épanouissement des entreprises et des talents étrangers : des infrastructures hors pair, des services très efficaces, un cadre juridique sécurisant, une qualité de vie certaine. La cité-État est ainsi la 1ère place financière d’Asie du sud-est et le 2ème pays le plus compétitif au monde selon le Global Competitiveness Report 2013-14 du World Economic Forum», explque la direction du Trésor français dans une note sur Singapour.
Tous les pays du monde ont salué la personnalité et les succès du disparu: «un véritable géant de l’Histoire», pour Barack Obama, «une figure légendaire de l’Asie», selon Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations Unies. Un homme qui «forçait le respect général de la communauté internationale en tant que stratège et homme d’Etat», selon Xi Jinping, le président chinois.
«L'énorme rôle de Lee Kuan Yew dans le développement économique de Singapour ne fait aucun doute, mais il y a aussi eu un coût important en matière de droits de l'homme», a cependant relativisé Phil Robertson, de Human Rights Watch. L'organisation humanitaire a d'ailleurs indiqué que «la liberté d'expression restreinte, l'autocensure et la démocratie multipartite rabougrie est aussi une partie de son héritage».
L'ancienne colonie britannique (achetée en 1819 pour 33.000 pesos au sultan de Johor) devenue indépendante en 1965 est aujourd'hui un îlot d'ordre et de prospérité au centre de l'Asie (avec un PIB par habitant équivalent à celui des USA). Ce statut, elle le doit en partie à Lee Kuan Yew, son ex-premier ministre qui vient de mourir à l’âge de 91 ans. Portrait du batisseur de cette Etat hors du commun.
«Tigre asiatique»
Singapour est un archipel de 64 îles situé tout au bout de la péninsule malaise, dont la principale, Pulau Ujong (584 km2) abrite la ville. Colonie anglaise, elle devient indépendante en 1965. Au moment de ce changement de statut, le pouvoir revient au People's Action Party dont le leader s’appelle Lee Kuan Yew.
Au cours des trois décennies de pouvoir de Lee Kuan Yew , le pays a connu un spectaculaire développement économique pour devenir l'un des «tigres asiatiques». L'archipel d'un peu plus de cinq millions d'habitants est devenu un centre financier et touristique, connu pour ses hautes technologies, en particulier dans le domaine de la santé.
Le décollage n'a pas été facile. Lee Kuan Yew, née dans une famille chinoise, a tenté d'intégrer Singapour dans la Malaisie mais l'union ne s'est pas faite. Et la cité-Etat a proclamé son indépendance par la voix de son Premier ministre. «Maintenant, moi, Lee Kuan Yew, Premier ministre de Singapour, proclame et déclare au nom du peuple de Singapour qu'à partir d'aujourd'hui, 9 août 1965, Singapour est une nation souveraine, démocratique et indépendante».
Le décollage n'a pas été facile. Lee Kuan Yew, née dans une famille chinoise, a tenté d'intégrer Singapour dans la Malaisie mais l'union ne s'est pas faite. Et la cité-Etat a proclamé son indépendance par la voix de son Premier ministre. «Maintenant, moi, Lee Kuan Yew, Premier ministre de Singapour, proclame et déclare au nom du peuple de Singapour qu'à partir d'aujourd'hui, 9 août 1965, Singapour est une nation souveraine, démocratique et indépendante».
Résultat, privé de son arrière pays, l'archipel a du jouer sur sa position stratégique (le contrôle du détroit de Malacca) et une spécialisation économique pour se développer.
Après des études en Angleterre (London School of Economics, Cambridge), Lee Kuan Yew va gérer le petit Etat comme une entreprise. La démocratie est plus qu'autoritaire. Pour preuve, le Parti d'action populaire (PAP), un temps proche de syndicats pro-communistes, cofondé par Lee Kuan Yew, a été reconduit au pouvoir à chaque élection depuis 1959, et détient actuellement 80 des 87 sièges au Parlement.
Sur un plan économique, au cours de ses 30 ans de pouvoir, le leader singapourien a su jouer de la petite taille de son pays pour s'imposer au centre des grandes puissances de la région: Indonésie, Malaisie et Chine.
Le fondateur de l'Etat a développé un pouvoir paternaliste (90% des Singapouriens sont propriétaires de leur logement), efficace (2% de chômage), ouvert sur le monde. «Les moyens sont la discipline, l’autorité, la compétence. Le guide ne peut s’encombrer des réserves de certains sur son projet. Il y a encore moins d’espace pour une opposition», note Jean-Claude Pomonti dans Le Monde.
Sous la houlette de son «père fondateur» Singapour connaît une croissance impressionnante. Quelque 9% par an en moyenne (6,8% par an depuis 1980). L'économie, largement orientée par l'Etat, s'est tour à tour développée grâce à son port, puis grâce à l'industrie, aux hautes technologies, puis et surtout sur les services, comme la finance.
«Coût important en matière de droits de l'homme»
Du fait de la nature de son économie, très ouverte et dépendante du commerce mondial, la croissance singapourienne a souffert des suites de la crise de 2008, même si avec la reprise du commerce mondial, la Cité-Etat connaît de nouveau des chiffres de croissance qui ferait pâlir de jalousie la zone euro.
«La cité-État met tout en œuvre pour créer un environnement économique favorable au développement et à l’épanouissement des entreprises et des talents étrangers : des infrastructures hors pair, des services très efficaces, un cadre juridique sécurisant, une qualité de vie certaine. La cité-État est ainsi la 1ère place financière d’Asie du sud-est et le 2ème pays le plus compétitif au monde selon le Global Competitiveness Report 2013-14 du World Economic Forum», explque la direction du Trésor français dans une note sur Singapour.
Tous les pays du monde ont salué la personnalité et les succès du disparu: «un véritable géant de l’Histoire», pour Barack Obama, «une figure légendaire de l’Asie», selon Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations Unies. Un homme qui «forçait le respect général de la communauté internationale en tant que stratège et homme d’Etat», selon Xi Jinping, le président chinois.
«L'énorme rôle de Lee Kuan Yew dans le développement économique de Singapour ne fait aucun doute, mais il y a aussi eu un coût important en matière de droits de l'homme», a cependant relativisé Phil Robertson, de Human Rights Watch. L'organisation humanitaire a d'ailleurs indiqué que «la liberté d'expression restreinte, l'autocensure et la démocratie multipartite rabougrie est aussi une partie de son héritage».
«Il s'est battu pour notre indépendance, a construit une nation qui n'existait pas et nous a rendu fiers d'être Singapouriens», a déclaré l'actuel Premier ministre, Lee Hsien Loong, dans un discours télévisé prononcé avec émotion. L'actuel premier ministre n'est autre que son fils...
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