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Pakistan: le retour forcé au pays de «l'Afghane aux yeux verts»
L’Afghane Sharbat Gula, dont le portrait a fait l’une des plus célèbres couvertures du «National Geographic», attend son expulsion vers son pays d’origine en guerre. Comme des milliers d’autres réfugiés afghans au Pakistan, elle était en possession de faux papiers lors de son arrestation.
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Mère de quatre enfants et analphabète, Sharbat Gula a plaidé coupable, le 4 novembre 2016, au tribunal de Peshawar. Celui-ci l’a condamnée à 15 jours de prison et à 110.000 roupies (950 euros) d’amende, selon son avocat, Mubashar Nazar, qui a précisé que sa cliente purgerait sa peine avant d’être expulsée le 7 novembre 2016.
«Nous avons déjà payé l'amende imposée à Mme Gula par le tribunal et nous l'emmènerons en Afghanistan d'une façon digne lundi», a déclaré à l'AFP Abdul Hameed Jalili, conseiller chargé des réfugiés au consulat afghan de Peshawar.
Le Pakistan mène une campagne de vérification d’identité depuis plusieurs mois pour pister les détenteurs de faux papiers obtenus frauduleusement par des non-Pakistanais, poussant ainsi au retour des réfugiés en Afghanistan. Selon des responsables pakistanais, la Nadra a passé au crible 91 millions de cartes d'identité et en a détecté 60.675 fausses.
Nul ne sait à quel moment Sharbat Gula est revenue au Pakistan. Mais des responsables pakistanais affirment qu’elle avait déposé une demande de carte d'identité nationale à Peshawar, en avril 2014, sous le nom de Sharbat Bibi.
Photo of Sharbat Gula National Geographic!!!! pic.twitter.com/E3Fm1xmar4
— Igor Confort (@IgorConfort) December 28, 2015
1984, Steve McCurry prend le célèbre cliché
Qui ne connaît pas le visage de «l’Afghane aux yeux verts», emmitouflé dans son foulard rouge? Son portrait a fait le tour des médias de la planète. La photo prise en 1984 dans le camp de réfugiés afghans de Nasir Bagh, au Pakistan, est signée Steve McCurry. Publiée en Une du National Geographic, en 1985, elle propulse la jeune fille, dont l'âge avoisine les 13 ans, au rang d'icône du peuple afghan dont le pays est sous occupation soviétique. Cette couverture restera parmi les plus célèbres de l'histoire du magazine américain.
Il aura fallu dix-sept ans de recherche à l'auteur de cette photo pour retrouver, en 2002, Sharbat Gula, dans un village isolé d'Afghanistan. Celle, dont il ignorait jusqu'à présent le nom, est mère de trois filles et la femme d'un boulanger. Nul ne sait à quel moment elle est revenue au Pakistan.
Après avoir accueilli les Afghans pendant des décennies, depuis l'invasion soviétique de 1979, le Pakistan a accentué, ces derniers mois, la pression sur les réfugiés. L'ONU a dans le même temps doublé les primes de retour les passant, depuis juin, de 200 à 400 dollars par personne.
1,4 million d'Afghans enregistrés comme réfugiés
Depuis juillet 2016, des centaines de milliers d'Afghans sont retournés au pays, laissant craindre une crise humanitaire majeure en Afghanistan. Ils viennent gonfler le rang des populations déplacées dans des villes déjà surpeuplées d'un pays en guerre .
Au Pakistan, jusqu'à 1,4 million d'entre eux ont été à ce jour enregistrés comme réfugiés, selon le HCR. Ce qui en fait le troisième pays accueillant le plus de réfugiés au monde. Parallèlement, les réfugiés sans papiers sont estimés à environ un million de personnes.
Quant à Sharbat Gula, M. McCurry lance un appel à la communauté internationale la priant, sur le réseau social Instagram, «de réagir pour elle et les millions d'autres qui ont besoin d'un lieu où vivre». Cité par Franceinfo, le photographe américain souligne qu'elle «a souffert toute sa vie» et qu'elle est aujourd'hui victime d'«une honteuse violation des droits de l'Homme».
Steve McCurry's famed Afghan Girl on the cover of @NatGeo's 1984 magazine is on a judicial remand for a fake Pak-ID with the FIA #Peshawar. pic.twitter.com/3szkw1KesG
— Iftikhar Firdous (@IftikharFirdous) October 26, 2016
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