Pourquoi Wuhan est la plus "française" des villes chinoises
En visite officielle en Chine, Jean-Marc Ayrault se rendra à Pékin, à Canton et à Wuhan. Une destination surprenante ? Pas lorsqu'on connaît les relations franco-chinoises qui se jouent dans la capitale de la province du Hubei depuis 1966.
Pékin, Canton et... Wuhan. En visite officielle en Chine du 5 au 9 décembre, Jean-Marc Ayrault n'ira pas à Shanghai, la mégalopole de l'Est chinois. Non, après Pékin, la capitale, et avant Canton, où Areva et EDF construisent deux réacteurs nucléaires EPR, le Premier ministre a préféré se rendre dans le Hubei. Méconnue, la capitale du Hubei, une province au centre de la Chine, est pourtant la ville la plus francophile de Chine.
Francetv info revient sur les liens entre cette "petite" ville de 9 millions d'habitants et notre pays.
Une coopération universitaire ancienne
La relation entre Wuhan et la France débute en 1966, sous l'impulsion du Général de Gaulle et de Zhou Enlai, le Premier ministre de Mao Zedong, qui a étudié en France. "Ils ont décidé de faire de Wuhan, la ville modèle de la coopération franco-chinoise", se souvient dans Les Echos Serge Lavroff, l'ancien consul général de France à Wuhan.
Dans la Chine de Mao, cette coopération est d'abord universitaire. Le département de français de l'université de Wuhan, l'un des meilleurs de Chine, est bien sûr en première ligne. Mais pas seulement. En médecine, un partenariat étroit, avec échange d'enseignants et d'élèves, est noué avec l'université de Nancy.
L'un des hôpitaux de la ville, Zhongnan, coopère également avec la France. Présidé par un médecin chinois francophile, il compte un Français d'origine chinoise comme vice-président et plusieurs médecins francophones. Dans les couloirs de l'établissement, la signalétique se fait d'ailleurs dans les deux langues : en français et en chinois.
Une terre d'accueil pour les entreprises françaises
Avec l'ouverture de la Chine à l'économie de marché dans les années 1980, la coopération est devenue économique. C'est PSA Peugeot-Citroën qui ouvre le bal en 1992, raconte Le Figaro. "Pour pouvoir produire ses automobiles en Chine, le constructeur français devait trouver un partenaire suffisamment solide. Il a opté pour Dongfeng, second constructeur national, basé à Wuhan", explique Serge Lavroff au site Aujourd'hui la Chine.
En juillet, le groupe automobile a inauguré une troisième usine dans la ville, devenue son site de production le plus important avec 600 000 véhicules par an. Jean-Marc Ayrault visitera d'ailleurs l'une des usines du constructeur samedi. Dans son sillage, PSA Peugeot-Citroën a entraîné une flopée d'équipementiers (Valéo, Faurecia) et d'autres entreprises françaises. Selon Les Echos, la ville concentrait 40% des investissements français dans le pays en 2012 et le plus grand nombre d'entreprises françaises installées, selon Serge Lavroff. Eurocopter, la Société générale, L'Oréal, Pernod Ricard, Alstom, Total ou Alcatel y sont présents. Air France a ouvert l'an dernier la première ligne entre l'Europe et Wuhan.
Cet engouement ne s'explique pas simplement par les liens historiques avec la ville. Wuhan se trouve au carrefour entre Canton et Pékin d'une part, Shanghai et Chengdu d'autre part. Elle bénéficie en outre de la politique de développement de l'intérieur des terres initiée ces dix dernières années sous l'ancien président Hu Jintao. Wuhan, comme Chengdu ou Chongqing, veut rattraper les villes côtières, pionnières du développement chinois. Selon Les Echos, les autorités prévoient de construire une nouvelle ligne de métro chaque année, 400 kilomètres de voies ferroviaires régionales et le quatrième aéroport de Chine. Et Wuhan a été choisi par le pouvoir central en 2007 pour être un modèle en matière de développement urbain durable.
Une communauté française active
Si la première communauté française d'Asie se trouve à Shanghai, les Français sont présents à Wuhan, avec 1 000 ressortissants, selon les chiffres de l'ancien consul général, Serge Lavroff. La ville accueille l'un des cinq consulats français du pays. "De 1998 à 2008, le Consulat Général de France était la seule représentation étrangère à Wuhan, la seule fenêtre sur l’international !", explique le diplomate à Aujourd'hui la Chine.
Jumelée avec Bordeaux, Wuhan compte deux écoles françaises. La seconde, qui accueille 300 élèves, a ouvert en 2008 pour pallier la saturation de l'école PSA, qui était ouverte jusque-là à toutes les familles françaises. Si ces installations relèvent des exigences classiques d'une communauté expatriée, les liens entre Wuhan et les Français se tissent également dans des domaines plus inattendus. En 2007, la capitale du Hubei est devenue la première ville de Chine à célébrer... la fête de la Musique.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.