La Birmanie annonce le retour d'une première famille de Rohingyas exilés au Bangladesh
Les ONG s'inquiètent de la mauvaise préparation de la Birmanie, censée construire des camps d'accueil temporaires.
Une première famille de musulmans rohingyas, enfuis au Bangladesh à la suite de ce que l'ONU dénonce comme un nettoyage ethnique est rentrée en Birmanie, annonce le gouvernement birman, samedi 14 avril. "Les cinq membres de cette famille ont été renvoyés chez des proches à Maungdaw", selon un communiqué diffusé sur Facebook, avec des photos de la famille s'enregistrant auprès de responsables birmans.
Le communiqué ne précise cependant pas si ce premier retour, symbolique, doit être suivi sous peu par d'autres, alors que 700 000 Rohingyas s'entassent dans des camps insalubres au Bangladesh et que des épidémies y sont redoutées à l'approche de la saison des pluies.
Le Bangladesh assure de son côté que cette famille rohingya se trouvait dans le "no man's land" entre les deux pays. "Ils ne relevaient pas de notre juridiction, donc nous ne pouvons pas confirmer si d'autres sont sur le point de rentrer", a déclaré à l'AFP le commissaire aux réfugiés bangladais, Mohammad Abul Kalam.
Les ONG sceptiques
La question du retour des réfugiés est suivie de près par la communauté internationale et les ONG s'inquiètent de l'impréparation de la Birmanie, censée construire des camps d'accueil temporaires car les villages rohingyas ont souvent été brûlés dans les violences.
La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) a dénoncé ce premier retour comme "un exercice de relations publiques destiné à détourner l'attention des crimes commis", selon l'expression de son représentant en Asie, Andrea Giorgetta. "La communauté internationale doit suivre avec attention ce qui va arriver à cette famille", réagit Phil Robertson, de Human Rights Watch, qui a publié ces derniers mois des photos satellite montrant l'ampleur des destructions de villages rohingyas. "Le problème principal, c'est que la Birmanie n'offre toujours pas la citoyenneté ni un retour dans leurs villages d'origine" aux candidats au retour, ajoute-t-il.
La Birmanie accusait jusqu'ici le Bangladesh d'être la cause du retard dans le rapatriement, mais le gouvernement est confronté à une armée et une opinion publique influencées par le nationalisme bouddhiste, largement opposées au retour des Rohingyas. Les deux pays se sont donné en janvier deux ans pour régler la question du retour des Rohingyas.
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