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Sarkozy cherche à contourner la Russie via le Kazakhstan

La visite éclair ce mardi du président français Nicolas Sarkozy au Kazakhstan a abouti à la signature de plusieurs contrats. Il s'agit d'accords commerciaux, notamment dans le domaine énergétique, ainsi que militaires. La France souhaite faire de ce pays un allié stratégique qui lui permettrait de réduire sa dépendance énergétique vis à vis de la Russie.
Article rédigé par franceinfo
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Les pétroliers et gaziers français, plus les entreprises associées au secteur, peuvent se frotter les mains. La visite éclair ce mardi de Nicolas Sarkozy au Kazakhstan, république ex-soviétique grande comme presque quatre fois la France, leur ramène quelques lourds contrats (lire encadré). Le principal concerne, une fois encore, Total, ainsi que GDF Suez. Les deux entreprises françaises acquièrent 25% du champ gazier de Khvalynskoye,en mer Caspienne, auprès du groupe Kazakh KMG. Il doit entrer en service en 2016. La transaction se monte à un milliard d'euros. Dans le même secteur, un consortium dirigé par SPIE CAPAG (groupe Entrepose Contracting) a signé un protocole d'accord pour engager des
négociations exclusives en vue de la fourniture et de la pose d'un oléoduc entre le champ pétrolier de Kashagan, dans la Caspienne, et le port de Bakou (Azerbaïdjan). Les entreprises françaises en espèrent 1,2 milliards de retombées.

Contourner la Russie

Le prix est élevé, mais Paris estime que le jeu en vaut la chandelle. A plus d'un titre, cette grande république caucasienne constituerait un allié de choix pour la France. Sur le plan énergétique tout d'abord, comme les autres Européens, les Français rêvent de court-circuiter la Russie dans leur approvisionnement en gaz. Moscou profite en effet de son poids pour faire du gaz un levier politique et la tragi-comédie diplomatique de l'an dernier a donné quelques sueurs froides à l'UE.
_ Reste que l'opérateur du champ gazier de Khvalynskoye reste le russe Lukoil et que l'essentiel de sa production est destiné au marché russe.

Autre richesse du sous-sol kazakh qui explique le déplacement du président français en personne, l'uranium. Le pays fournit déjà à la France 10% du sien, d'où la présence d'Areva dans l'aréopage présidentiel.

Sur le plan militaire et géostratégique, l'amitié kazakhe paraît également à rechercher pour Paris. Un accord visant à faciliter le transit, via le Kazakhstan, de l'approvisionnement destiné aux troupes françaises
engagées en Afghanistan. EADS et Thalès reviennent aussi avec leur “petit paquet” (cf encadré).

“Realpolitik” au Kazakhstan

Logiquement, du point de vue diplomatique du moins, Nicolas Sarkozy a donc apporté tout son soutien à la future présidence kazakhe de l'OSCE en 2010. Cette même OSCE qui avait pourtant trouvé à redire lors des élections présidentielles et législatives, estimant que l'opposition était lourdement défavorisée.
_ La qualité démocratique du Kazakhstan laisse en effet à désirer, avec son président, Noursoultan Nazarbaïev, 69 ans, ancien dignitaire soviétique, réélu depuis l'indépendance en 1991 avec des scores triomphaux. Même “succès” pour son parti, qui est le seul représenté au Parlement, ce qui facilite certes les choses pour le président.

Mais quand les sirènes de la realpolitik se mettent à chanter, peu de dirigeants estiment nécessaire de se boucher les oreilles. Nicolas Sarkozy préfère donc voir le Kazahstan du bon côté : le renoncement à l'arme nucléaire, l'absence de persécution des minorités ethniques et le calme qui règne dans le pays. Le Kazakhstan sera le premier pays de l'ex-URSS à présider l'OSCE.

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