Trois questions pour comprendre l'affaire Serge Atlaoui
Le Français, condamné à la peine capitale pour trafic de drogue, pourrait être fusillé dans les jours qui viennent.
C'était son dernier espoir. Serge Atlaoui, condamné à mort pour trafic de drogue, a vu son dernier recours rejeté par la justice indonésienne, mardi 21 avril. Il pourrait être fusillé dans les jours à venir, devenant le premier Français exécuté depuis l'abolition de la peine de mort dans l'Hexagone, en 1981.
Mais quels sont les éléments-clés de cette affaire ? Francetv info fait le point sur la situation.
Quels sont les faits reprochés à Serge Atlaoui ?
Cet artisan soudeur de 51 ans, originaire de Metz (Moselle), a été arrêté en 2005 dans un laboratoire clandestin de production d'ecstasy près de Jakarta. Il a été condamné à mort deux ans plus tard. Serge Atlaoui continue pourtant de clamer son innocence, affirmant qu'il pensait avoir été engagé pour installer des machines de peinture.
"Il ne savait pas ce qu'il se passait réellement lorsqu'il est arrivé. C'est en étant sur place qu'il a appris les activités illégales et il a voulu partir. Sauf qu'il n'avait pas d'argent. Il n'avait pas de billet d'avion", a confié sa femme, Sabine, à France 2. Affirmant qu'il "s'est fait piéger", elle a déposé un nouveau recours devant la justice indonésienne, le 19 avril 2015.
Qu'a décidé la justice indonésienne ?
La Cour suprême d'Indonésie a rejeté l'ultime recours de Serge Atlaoui, a déclaré l'un des trois juges qui participaient à la prise de décision, mardi 21 avril. "Les raisons avancées dans le recours ne peuvent pas effacer le crime commis par le condamné", a expliqué le magistrat.
"Il n'y a aucune preuve de sa culpabilité", souligne pourtant Richard Sédillot, l'avocat de Serge Atlaoui, contacté par francetv info. Il a indiqué réfléchir à une réponse forte, ajoutant être "outré, scandalisé par cette décision qui n'a rien d'une décision de justice, mais qui est une décision politique". "L'Indonésie cherche à montrer sa fermeté contre le trafic de stupéfiants, conclut Richard Sédillot. Certes, il faut lutter contre le trafic de stupéfiants, mais pas contre sa vie !"
Arrivé au pouvoir en octobre 2014, le président indonésien, Joko Widodo, a durci sa politique de lutte contre les trafics de drogue, affirmant qu'il n'y aurait "pas de grâce" dans ce type d'affaires. Six condamnés, dont cinq ressortissants étrangers, ont été exécutés par balle le 18 janvier, une première depuis 2013. Le parquet général indonésien a fait part de son empressement à procéder à une deuxième vague d'exécutions.
Comment ont réagi ses proches ?
Après le rejet de son ultime recours, la famille de Serge Atlaoui a imploré François Hollande et l'Union européenne de "mettre tout en œuvre" pour le sauver, mardi 21 avril. "Je ne vous cache pas notre énorme désarroi, notre incompréhension et notre souffrance sans réponse" face à la décision de la Cour suprême d'Indonésie, a déclaré son frère, André Atlaoui, à l'AFP. Il a affirmé que les proches du Français ne comptaient "pas baisser les bras".
Sabine Atlaoui, interrogée par RTL, s'est dit "réellement anéantie" par la nouvelle. "Au cours de l'audience précédente, les juges avaient accepté que soient joints les témoignages des coaccusés qui innocentaient mon mari", précise-t-elle, ajoutant qu'elle "avait espoir". L'épouse de Serge Atlaoui a promis de "continuer à se battre", même si son mari est exécuté.
Laurent Fabius a pour sa part expliqué que la France continuait "à espérer un geste de clémence" de la part de l'Indonésie. L'exécution de Serge Atlaoui "aurait évidemment des conséquences sur les relations entre ce pays" et l'Hexagone, a insisté le ministre des Affaires étrangères.
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