Attaque en Côte d'Ivoire : la presse ouest-africaine en état de choc
«Nous sommes Grand-Bassam», titrait Lundi 14 Mars 2016, le journal ivoirien le Patriote. Tous les journaux du pays déroulent le fil des événements tragiques qui ont endeuillé la station balnéaire ivoirienne.
Le bilan est lourd : 15 civils et trois éléments des forces spéciales ont été tués dans l’attaque qui a fait 33 blessés. Parmi les victimes figurent quatre personnes de «race blanche» notamment un Français et une Allemande, selon la presse ivoirienne qui précise que des ressortissants du Liban, du Burkina Faso et du Mali figureraient aussi parmi les morts.
L’unité nationale avant tout
Dans son éditorial signé par Venance Konan, le quotidien ivoirien Fraternité Matin indique que les Ivoiriens s’y attendaient, tout en espérant que cela ne se produirait pas. Selon le journal, les services de sécurité du pays ont déjà déjoué plusieurs attaques de ce genre. Des attaques très difficiles à éviter.
«Que peut un Etat contre un jeune homme d’une vingtaine d’années dont le cerveau a été lavé par un autre homme, diaboliquement intelligent, pour le persuader que sa vie sera encore meilleure s’il se fait tuer après avoir lui-même tué le plus de personnes possibles ?» s’interroge Venance Konan. Il appelle les ivoiriens à taire leurs petites et grandes querelles pour s’unir face à la menace du terrorisme.
L’intelligent d’Abidjan appelle aussi les citoyens à l’unité nationale : «Le lieu choisi par les terroristes n’est pas fortuit. Grand-Bassam incarne à la fois l’économie du tourisme et un mode de vie avec ses établissements balnéaires. Comme au Bataclam à Paris, et ailleurs en Afrique ou dans le monde, c’est à la liberté que ces barbares ont voulu s’en prendre», souligne le journal ivoirien.
«Ivoiriens aussi, nous le sommes aujourd’hui»
L’onde de choc de l’attaque meurtrière de Grand-Bassam a été ressentie dans toute la sous région ouest-africaine. « Ivoiriens aussi, nous le sommes aujourd’hui», titre le Site Mali Web qui rappelle que la Côte d’Ivoire était depuis quelque temps, une cible de la nébuleuse terroriste.
«Fière vitrine d’une Côte d’Ivoire redevenue fréquentable en cinq ans d’une gouvernance conquérante, Grand-Bassam a vécu son dimanche noir. Comme Paris, Bamako, Ouaga, Tunis et tous ces lieux où les balles funestes de l’extrémisme vous fauchent sous le parasol d’une plage, à la terrasse d’un café, à la table d’un restaurant », écrit Maliweb.
Le journal Le Pays du Burkina Faso note que depuis un certain temps, les groupes jihadistes cherchaient à rééditer leur macabre exploit dans d’autres villes de la sous-région pour prouver qu’ils n’ont pas été anéantis par les opérations françaises.
«La Côte d’Ivoire subit les foudres du monstre parce qu’elle est la vitrine de la France dans la région. On sait que depuis l’intervention militaire au Nord-mali, les jihadistes avaient menacé de faire rendre gorge à tous les pays qui ont envoyé des troupes dans le désert malien ».
Pour le journal burkinabé, cette dernière attaque sanglante est la preuve, pour ceux qui en doutaient encore, que le terrorisme ne connait pas de frontières.
Le journal le Pays appelle à une action coordonnée et concertée de tous les pays de la région pour venir à bout de ceux-là qui, au nom d’une idéologie ténébreuse, ont choisi de semer la mort et la désolation : «C’est à ce prix que l’on peut éviter une somalisation de la sous-région ouest-africaine, désormais prise entre le marteau des Jihadistes du Nord-Mali et l’enclume de Boko Haram qui écume le lac Tchad».
Plusieurs journaux ouest-africains préviennent désormais le Sénégal qui pourrait être la prochaine cible de ces extrémistes.
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