Birmanie : au moins 18 personnes tuées par les forces de l’ordre lors de manifestations contre le coup d’Etat, selon un premier bilan de l’ONU
"Ces morts sont dues à l'utilisation de balles réelles pour tirer sur la foule" dans plusieurs villes du pays, explique un communiqué de l'ONU, alors que de nombreux Birmans étaient descendus dimanche dans la rue pour exprimer leur opposition au coup d'Etat militaire.
Près d'un mois après le renversement du gouvernement de Birmanie par la junte militaire, la contestation est réprimée de plus en plus durement par les soldats, qui ont violemment dispersé plusieurs rassemblements. Les Nations unies affirment disposer "d'informations crédibles" selon lesquelles au moins 18 personnes ont été tuées et plus de 30 personnes ont été blessées dans cette répression violente des marches organisées contre le coup d'Etat militaire en Birmanie, dimanche 28 février.
Des "balles réelles pour tirer sur la foule"
"Ces morts sont dues à l'utilisation de balles réelles pour tirer sur la foule" dans plusieurs villes, explique un communiqué de l'ONU. "Les forces de sécurité ont également utilisé des gaz lacrymogènes ainsi que des grenades assourdissantes ou paralysantes", a ajouté Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut Commissariat aux droits de l'Homme. "Nous condamnons fermement la répression de plus en plus violente des manifestations en Birmanie, et appelons les militaires à cesser immédiatement d'utiliser la force contre des manifestants pacifiques."
L'AFP a pu pour l'instant confirmer un bilan d'au moins huit morts. Selon un ex-député du parti d'Aung San Suu Kyi, Nyi Nyi, un manifestant de 23 ans a par exemple été tué à Rangoun, capitale économique du pays. Une manifestante explique à l'AFP y avoir entendu des tirs, sans "un mot d'avertissement". Mais on ignore s'il s'agissait de tirs à balles réelles. Des travailleurs de santé affirment également que deux garçons de 18 ans ont été tués à Bago, à 80 kilomètres au nord-est de Rangoun.
Le jour le plus meurtrier depuis le coup d'Etat
Si ces décès étaient tous confirmés, le bilan de cette journée serait plus important que celui du mois précédent tout entier. On dénombrait jusqu'ici au moins cinq morts dans les rangs des manifestants depuis le coup d'Etat du 1er février. L'armée affirme pour sa part qu'un policier a péri en tentant de disperser un rassemblement. "La nette escalade du recours à la force létale dans plusieurs villes du pays (...) est scandaleuse et inacceptable et doit être immédiatement stoppée", a réagi Phil Robertson, directeur adjoint de la division Asie à Human Rights Watch.
Par ailleurs, plus de 850 personnes ont été interpellées, inculpées ou condamnées depuis le 1er février, selon une ONG d'aide aux prisonniers politiques (AAPP). Un chiffre qui devrait exploser, des médias officiels faisant état de 479 arrestations pour la seule journée de samedi.
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