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Ecologistes et groupes pétroliers se disputent les côtes nord du Brésil
Publié le 18/05/2017 10:03
La compagnie pétrolière Total attend les autorisations officielles pour commencer l’exploration de gisements d’hydrocarbures au large des côtes de l’Etat d’Amapá au Brésil. Mais Greenpeace s’oppose à l’exploitation de ces gisements offshore qu’elle juge dangereux. Le 10 mai 2017, le procureur d'Amapá a réclamé de nouvelles études. Total et le gouvernement brésilien s’impatientent.
la compagnie pétrolière brésilienne, dans une quinzaine de consortiums internationaux. Présent au Brésil depuis quarante ans, Total y emploie 2.500 personnes. L’entreprise a déboursé 2,2 milliards de dollars pour renforcer sa présence dans les très convoités gisements présalifères (gigantesques ressources de pétrole situées entre 5.000 et 7.000 mètres sous d'épaisses couches de sel) du bassin de Santos à l’est du pays. (YASUYOSHI CHIBA / AFP)
découverts au large des côtes nord du Brésil, là où l’Amazone se jette dans l’océan Atlantique. Dans le port de Belém se déversent aujourd’hui des tonnes de tuyaux et des conteneurs remplis d'équipements pour lancer le forage du premier puits à 120 km des côtes. Selon des géologues brésiliens, le bassin à l’embouchure du fleuve pourrait receler 14 milliards de barils de pétrole. Plus que l'ensemble des réserves du Mexique, l’un des grands du pétrole sur le continent américain. (REUTERS/Ricardo Moraes)
des scientifiques découvrent un immense récif corallien qui s’étend sur près de 9.500 kilomètres carrés, de la pointe nord-est de la Guyane française jusqu’aux côtes de l'Etat brésilien du Maranhão. Situé entre 30 et 120 mètres de fond, ce récif n’avait jamais été observé car enfoui sous la boue et les nombreux déchets rejetés par le fleuve. Cette découverte a contrarié les projets des compagnies pétrolières française, britannique et brésilienne, Total, BP et Petrobras, qui souhaitent mener des forages à moins de 30 km de ce site. (Marizilda Cruppe / Greenpeace)
pour mesurer la fiabilité de leur projet mais... avant la découverte du récif corallien. Malgré la pression des ONG écologistes, ils refusent d’en effectuer de nouvelles. Les militants de Greenpeace font pression pour bloquer ce projet. Fin mars 2017, ils ont déversés 3.000 litres de mélasse devant le siège de Total en France pour protester contre ce projet. (Jacques DEMARTHON / AFP)
et prépare une étude pour le ministère de l'Environnement, précise que cet Etat abrite la plus grande ceinture de mangroves et des milliers de kilomètres carrés de forêt tropicale vierge. Le Parc national protégé du Cabo Orange, situé dans cet Etat, abrite aigles, ibis rouges, perroquets. C’est aussi là que de mi-décembre à mi-mars, certaines espèces de poissons se réfugient pour se reproduire. (REUTERS/Ricardo Moraes)
qui bénéficie de l’influence de l’océan grâce aux marées. Si une marée noire devait arriver jusque-là, le pétrole se déposerait sur les racines, le sol et les branches au moment des marées descendantes, et étoufferait complètement la végétation qui, privée d’oxygène, viendrait à mourir. La mangrove est ainsi faite qu’il serait impossible de nettoyer une marée noire.» (REUTERS/Ricardo Moraes)
affirment que le système des récifs est en plein essor. Parsemé de coraux aux couleurs vives, d’éponges géantes (de plus de 2 mètres de long) et d’algues calcaires appelées rhodolithes, il pourrait révéler l’existence de nouvelles espèces marines. Un déversement de pétrole pourrait endommager ce patrimoine exceptionnel avant même qu’il soit étudié. Seuls 5% du récif sont connus. Prendre le risque d’une marée noire serait extrêmement dangereux car celle-ci ne menacerait pas seulement le récif mais aussi tout l’écosystème de l’embouchure de l’Amazone. Des espèces rares comme le lamantin d’Amérique, la tortue jaune et la loutre géante de rivière, des espèces menacées de disparition, vivent dans cette région. (Sylvain Cordier / Biosphoto / AFP)
La compagnie assure se conformer à toutes les exigences des autorités et prendre toutes les précautions nécessaires pour sécuriser le forage. Dans le même temps, le gouvernement brésilien s’inquiète du manque à gagner si ce projet ne pouvait aboutir. Pour Henrique Meirelles, le ministre de l'Economie, le pays traverse sa pire crise économique de l’Histoire. En 2016, son PIB a baissé pour la seconde année consécutive. Et ce malgré les mesures d'austérité du gouvernement. Des montants colossaux sont en jeu. La filiale brésilienne du groupe pétrolier Total anticipe des investissements de l'ordre d’un milliard d'euros par an, explique le directeur général du groupe. (Jacques DEMARTHON / AFP)
Total a déjà investi près de 58 millions d’euros. Pourtant le groupe ne sait pas quand il pourra commencer son exploration. Le procureur de l’Etat d’Amapá vient de recommander officiellement à l’Agence environnementale brésilienne (IBAMA) de suspendre les licences des compagnies pétrolières pour ce projet de forage exploratoire en eau profonde. L’IBAMA a confirmé cette demande en ne donnant aucune précision sur les délais pour la délivrance des autorisations. (REUTERS/Ricardo Moraes)
pour le développement industriel du Brésil. Elle a bouleversé la stratégie énergétique du pays. Selon Antonio Guimaraes, secrétaire exécutif de l'exploration et de la production à l'Institut brésilien du pétrole, l’incertitude sur les délais est préjudiciable pour le pays. Il a demandé au président du pays, Michel Temer, d’accélérer l’adoption de la législation actuellement en discussion au Congrès. Cela permettrait de délivrer plus rapidement des licences environnementales aux entreprises pétrolières. Les propos d’Antonio Guimaraes ont alarmé les écologistes. Ils sont d’autant moins rassurants que dans le même temps, IBAMA a vu son budget réduit. (REUTERS/Sergio Moraes)
car le groupe français prévoit de forer neuf puits d'exploration à des profondeurs de 1.900 mètres. Dans un document examiné par Reuters, Total a déclaré que les risques environnementaux ont été largement pris en compte. Mais les écologistes se disent très inquiets car à une telle profondeur, les risques sont plus importants. Ils rappellent ainsi l’explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon en 2010. La destruction du puits construit à une profondeur similaire avait provoqué une marée noire dans le golfe du Mexique, créant le pire désastre écologique jamais survenu aux États-Unis. (REUTERS/U.S. Coast Guard/Handout)
de l'Institut de recherche scientifique d’Amapá, Total affirme que les courants océaniques éloigneraient toute pollution des côtes du Brésil.
De son côté, le gouvernement brésilien, accusé de minimiser les risques, répond que sa priorité est de créer des emplois (le chômage a atteint un taux record de 13,2% début 2017) et de mettre fin à l’actuelle récession. (REUTERS/Nacho Doce)
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