Le droit à l’avortement menacé au Brésil
Au Brésil, plusieurs centaines de femmes ont manifesté pour le droit à l’avortement suite à un projet de loi qui le menace.
« C’est notre corps, c’est à nous de choisir, pour la vie des femmes ! » scandent des centaines de brésiliennes descendues dans la rue à Rio de Janeiro pour manifester leur mécontentement face au projet de loi voté le 13 novembre dernier en commission parlementaire. Ce projet ? Interdire tout recours à l’avortement, y compris en cas de viol ou de menace sur la santé de la mère, comme le prévoit actuellement la législation brésilienne. L’objectif initial du projet était de prolonger le congé maternité de mères de bébés prématurés, mais les militants pro-avortement y voient un « cheval de Troie » pour bafouer leur droit à l’avortement.
Défendre le droit à la vie
D’après le gouvernement brésilien, un million d’avortements clandestins sont pratiqués chaque année. Ces avortements se font souvent dans conditions insalubres et peuvent avoir des conséquences fatales : « Aujourd’hui au Brésil, une femme meurt tous les deux jours des conséquences d’un avortement clandestin. La clandestinité tue. » déclare Carla, 36 ans. Elles sont donc venues exprimer leur droit à vivre, mais aussi celui de choisir : « Si nous tombons enceinte, nous devrions avoir le droit de ne pas vouloir vivre cette grossesse, et ce n’est pas à l’État de décider pour nous, de nous donner ou non ce droit. » estime une des manifestantes.
Un Congrès évangéliste peu progressiste
En plus de défendre le droit à la vie, elles dénoncent les conditions d’approbation du projet de loi à la commission parlementaire : « C’est inadmissible qu'un groupe d'hommes décident du sort du corps des femmes. C'est un retour en arrière », s'insurge Flora Rosa, étudiante de 18 ans. En effet, le projet de loi a été approuvé à l’unanimité moins une voix, celle de l’unique femme présente lors de cette session.
Les manifestantes reprochent également au Congrès d’être trop « moraliste », ce qui est lié notamment à la composition de cette institution : « On est en présence d’un fondamentalisme religieux très fort. Nous avons au Congrès un groupe de députés évangélistes très grand. Ils ont un pouvoir de veto très grand sur tout projet un tant soit peu progressiste. » C’est en effet ce groupe de députés ultra-conservateurs qui a inséré un l’article stipulant que le droit à la vie est « inviolable dès la conception » dans le projet de loi.
Le texte doit encore être voté par les députés du Parlement, qui doit réunir au moins 308 voix favorables pour que le projet soit approuvé. La plupart des observateurs soulignent cependant la peu probabilité de cette issue, malgré une influence importante du lobby évangéliste.
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