Présidentielle au Brésil : "Jair Bolsonaro n'acceptera pas la défaite", selon une historienne
Le président d'extrême-droite Jair Bolsonaro est en difficulté dans les sondages face à l'ancien président de gauche Lula : ce dernier est très soutenu, car "sa condamnation n'est plus un sujet important pour la population".
"Jair Bolsonaro a dit qu'il n'acceptera pas la défaite" à l'élection présidentielle brésilienne du 2 octobre prochain, rappelle mardi 16 août sur franceinfo l'historienne du Brésil contemporain Silvia Capanema. "Comme aux États-Unis", elle craint "une tentative de coup monté contre le résultat des élections s'il n'est pas réélu". Le président d'extrême droite est en difficulté dans les sondages face à l'ancien président de gauche Lula qui bénéficie de "plusieurs appels en soutien de la démocratie".
franceinfo : Jair Bolsonaro peut-il accepter une défaite ?
Silvia Capanema : Il a dit qu'il n'acceptera pas la défaite parce qu'il se méfie du système électoral. Il envisage d'ailleurs une action le 7 septembre prochain, date du bicentenaire de l'indépendance et de la parade militaire, pour dire à ses soutiens que s'il perd les élections, elles ne seront pas valables.
"Il y a donc des risques de prise de pouvoir par l'armée ou, comme aux Etats-Unis, de tentative de coup monté contre le résultat des élections s'il n'est pas réélu."
Silvia Capanema, historienne du Brésilà franceinfo
C'est pour cette raison que, de l'autre côté, des juristes, des avocats, la société civile, mais aussi des syndicalistes et de nombreuses personnes ont lancé plusieurs appels en soutien de la démocratie.
Quel est le bilan économique de Jair Bolsonaro alors que la campagne est axée sur ce point ?
Le Brésil est dans une situation économique compliquée, en récession. Tous les indices sont compliqués. Il y a de plus en plus de personnes qui sont au chômage et qui travaillent dans l'économie informelle. Il y a surtout une augmentation de la pauvreté et de la famine dans les classes populaires. L'impopularité de Jair Bolsonaro est aussi due à ces situations économiques qui appauvrissent les classes populaires, les classes moyennes depuis longtemps.
Les condamnations, ensuite annulées, de Lula pour corruption et blanchiment d'argent peuvent-elles encore lui porter préjudice aux yeux des Brésiliens ?
Lula s'est battu ces dernières années pour montrer qu'il y avait, selon lui, des persécutions juridiques et politiques. Sa condamnation n'est plus un sujet important pour la population qui a dépassé tous ces scandales. Les Brésiliens ne sont pas persuadés que Lula a commis ces choses. Aujourd'hui, ce sont surtout les questions d'amélioration de la vie quotidienne et de l'économie qui sont importantes. Les opposants de Bolsonaro, qui sont nombreux, sont également sensibles à toutes les questions d'autoritarisme, de conservatisme, de persécution des minorités et de racisme.
Comment se positionne le monde des affaires sur cette candidature de gauche ?
Certains des grands industriels ou des riches ont soutenu l'appel pour la démocratie au Brésil, qui est en fait un appel anti-Bolsonaro. Certains vont clairement soutenir Lula parce que les deux fois qu'il a été élu, il y avait un pacte avec une partie des élites brésiliennes. Il a un projet qu'on appelle "développementiste" qui peut aussi bénéficier aux grands capitalistes brésiliens.
La campagne électorale peut-elle à nouveau être émaillée d'incidents, quatre ans après la tentative d'assassinat de Jair Bolsonaro ?
Il y a déjà eu d'autres attentats, pas directement contre les candidats mais par exemple contre des membres du Parti des travailleurs (PT) de Lula. Un militant a été tué par un soutien de Jair Bolsonaro [le 10 juillet dernier, ndlr]. Donc on ne peut pas dire que ça va être une campagne calme jusqu'au bout.
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