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Sécheresse au Brésil: Campina Grande, une ville en danger

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié
Après des décennies de promesses et des années de retard, le gouvernement brésilien affirme que le projet de détournement du fleuve rio Sao Francisco va enfin devenir réalité. Ce qui permettrait de lutter contre la sécheresse qui a frappé certains Etats du Nordeste (nord-est) ces dernières années. A Campina Grande, ville de l'Etat du Paraíba, la situation est alarmante.

11 photos d’Ueslei Marcelino illustrent ce propos.

et l’aridité des sols. Depuis le XIXe siècle, des projets comme celui de détourner les eaux du rio Sao Francisco long de 2.700 km, sont envisagés pour y remédier. Mais faute de ressources financières et de compétences techniques, le projet a été plusieurs fois abandonné.  (Ueslei Marcelino/REUTERS)
les précipitations ont diminué, les températures ont augmenté, et le changement climatique a aggravé la situation, selon Eduardo Martins, chef de l’agence météorologique de l'Etat de Ceará. Alors que les demandes pour irriguer les sols sont en hausse, les réserves d'eau s’amenuisent et l'évaporation s’accélère. La vague de sécheresse qui frappe le Nordeste depuis 2012, est très préoccupante. La pire remonte à 1910, le dernier épisode similaire remontant aux années 1979-1983.  (Ueslei Marcelino/REUTERS)
d’aménager des bassins hydrographiques dans la région. Le but est de transférer les eaux du rio Sao Francisco grâce à la construction de deux canaux. Détourner de 1,4 % à 6 % du cours d'eau permettrait d’alimenter des cours d'eau intermittents et pouvoir ainsi acheminer l'eau potable à 12 millions de personnes dans quatre Etats du Nordeste: Pernambouc, Ceará, Paraíba et Rio Grande do Norte.  (Ueslei Marcelino/REUTERS)
pour la construction de 700 kilomètres de canaux et de galeries, et la réalisation de plusieurs barrages. Mais il a pris du retard en raison des querelles politiques, de la corruption et des dépassements de coûts qui atteignent plusieurs milliards de dollars. De plus, le fait de noyer des sites et de déplacer des populations a suscité nombre de controverses. (Ueslei Marcelino / Reuters)
et ses alentours devient alarmante pour les populations urbaines et rurales. La récession qui frappe le pays n’a rien arrangé. Les ressources économiques de la région ont chuté de plus de 8% en 2015 et 2016, selon les économistes. (Ueslei Marcelino / Reuters)
et les chèvres errent à la recherche de nourriture. La terre se craquelle à cause de la sécheresse qui sévit depuis cinq ans. 2016 a été la pire année. Le réservoir de Boqueirao, qui dessert la ville de Campina Grande et ses 400.000 habitants, est pratiquement vide. Edivaldo Brito, un agriculteur, raconte «Nous avons tout perdu: les bananes, les haricots, les pommes de terre. Nous devons marcher 3 kilomètres juste pour laver nos vêtements». (Ueslei Marcelino / Reuters)
Après deux années de rationnement, 
les habitants se plaignent que l'eau du réservoir est sale, malodorante et imbuvable. Seuls ceux qui peuvent se le permettre, achètent des bouteilles d'eau pour pouvoir cuisiner, se laver ou abreuver leurs animaux domestiques. Le réservoir fonctionne à 4% de sa capacité et aux dires de la météo, les précipitations devraient être rares en 2017. «Si le réservoir n’est pas rempli, le système d'eau de la ville va s'effondrer dans le courant de l’année. Ce serait un holocauste. Il faudrait évacuer la ville» explique Janiro Costa Rego, un expert hydraulique, professeur à l'université fédérale de Campina Grande. C’est donc une véritable course contre la montre que doivent engager les autorités.  (Ueslei Marcelino / Reuters)
d’un manque de planification face aux crises hydriques à répétition. Selon lui, cela est d’autant plus choquant dans un pays qui se vante de posséder les plus grandes réserves d'eau douce de la planète. Mais Helder Barbalho, ministre de l'Intégration nationale, en charge du projet dans le gouvernement du président Michel Temer, se dit confiant. Selon lui, le calendrier sera respecté. Le calcul est très politique. La région est politiquement à gauche et acquise depuis longtemps à Lula (natif du Nordeste) et à son Parti des travailleurs. Pour le chef de l’Etat, achever le projet en temps et en heure permettrait de renforcer sa popularité et celle de son gouvernement.  (Ueslei Marcelino / Reuters)
ont réduit leurs plans d'investissement. Elles ont aussi diminué leur consommation en recyclant l'eau qu'elles utilisent. Celle venue du rio Sao Francisco servira d’abord à ravitailler les habitants des villes, et principalement les plus pauvres qui n’ont pas les moyens de stocker l’eau dans des bouteilles. Les problèmes liés à l’activité agricole seront traités dans un second temps. (Ueslei Marcelino / Reuters)
A Fortaleza, sa capitale, le réservoir Castanhao est en baisse, fonctionnant à 5% de sa capacité. La ville bénéficiera de l'eau du projet de Sao Francisco mais celle-ci ne pourra pas arriver avant la fin de l'année. L'entrepreneur Mendes junior a dû abandonner les travaux après avoir été impliqué dans un important scandale de corruption. «L'eau de rio Sao Francisco est vitale», a déclaré le gouverneur Camilo Ceará Santana à Reuters car le réservoir sera en mesure d’approvisionner l’Etat seulement jusqu’au mois d’août. Passé ce délai, les habitants devront utiliser les puits d'urgence et réduire leur consommation de 20%. (Ueslei Marcelino / Reuters)
Ils y croiront quand l’eau du fleuve coulera dans leurs robinets. Pour beaucoup d’habitants, le projet ne sert qu’à récupérer des voix dans cette région encore très attaché à l’ancien président Lula da Silva. Car «sans le Bolsa Familia, (un programme social brésilien destiné à lutter contre la pauvreté et mis en place par le gouvernement de Lula, NDLR), nous serions en train de mourir de faim», déclare un habitant. (Ueslei Marcelino / Reuters)

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