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Centrafrique : "Ils m'ont coupé la main et laissé pour mort"

TEMOIGNAGE | France Info fait escale ce lundi en Centrafrique, ce pays où règne le chaos depuis le coup d'état de mars dernier. Le nouveau président ne contrôle pas ses troupes. La France pourrait tripler le nombre de militaires sur place avant 2014. L'ONU décrit, un "pays en voie de génocide". Sur place les massacres sont nombreux. Julius raconte l'enfer qu'il a vécu.
Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Mathilde Lemaire Radio France)

Julius a 35 ans. Il en paraît plus de 50. Dans ses yeux, on lit la douleur et la peur. Au bout de son bras, un bandage : Julius a eu la main droite coupée. C'était le 11 septembre dernier. Son village près de la ville de Bouca a subi un véritable assaut.

"Vers 4 heures du matin, on a entendu des coups de feu. Les villageois ont commencé à fuir dans tous les sens. J'ai vu deux personnes mourir dans les flammes car leurs maisons ont été incendiées , témoigne le jeune homme, encore marqué.

"Après, j'ai essayé de courir, mais j'ai été rattrapé. Des hommes m'ont mis trois coups de machettes. Deux sur la tête, et un au bras : vous pouvez encore voir les cicatrices. Ils ont fendu ma main en deux. J'étais couché la tête dans la terre. J'ai fait semblant d'être mort. Ils ont cru que j'étais un cadavre. J'ai attendu comme ça des heures, avant qu'ils partent ", se souvient Julius.

Sept chirurgiens pour tout le pays

Il raconte les évènements en détail sous les yeux de son petit frère Dieudonné qui l'écoute, tête baissée. Dieudonné culpabilise car ce matin-là, lui a réussi à prendre la fuite dans la brousse. Il ne l'a retrouvé qu'au soir. Julius a alors été pris en charge par une ONG, puis transféré à l'hôpital de Bangui. L'un des 7 seuls chirurgiens que compte encore le pays l'a amputé.

Il raconte qu'il faisait nuit noire, qu'ils étaient très nombreux, qu'il n'a pas réussi à les identifier. Ce sont peut-être des Séléka, ces ex-rebelles arrivés au pouvoir parmi lesquelles se trouvent des Tchadiens et des Soudanais. Peut-être une autre milice. Il s'en forme chaque jour dans le cet Etat qui n'a plus d'Etat que le nom.

Une angoisse permanente

Julius et son frère errent depuis cette attaque. Sans argent, sans nourriture, sans soins. Paniqués à l'idée de recroiser des hommes armés. "J'ai mal, j'ai très mal. J'ai perdu beaucoup de sang, j'ai des douleurs partout et je n'ai aucun médicament pour m'aider à faire face. Et je ne vous parle pas de l'angoisse qui me saisit tout le temps. Je n'arrive plus à trouver le sommeil. J'ai souvent des vertiges. Je revis en boucle dans ma tête les évènements, l'attaque que j'ai vécue ", confie Julius.

Après notre entrevue, il repart avec son frère, en direction de leur village. Avec une peur : celle de découvrir que leurs épouses, leurs enfants restés là-bas le matin de l'attaque n'ont peut-être pas survécu.

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