Cet article date de plus d'un an.

"Ces gens sont précieux" : une avocate chinoise défend les citoyens arrêtés pendant les manifestations contre le "zéro Covid"

Suite aux manifestations contre la politique zéro Covid, la solidarité se met en place pour défendre les manifestants détenus et interrogés par la police. 

Article rédigé par franceinfo - Sébastien Berriot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Manifestation contre la politique zéro Covid en Chine, à Pékin, le 27 novembre 2022. (SEBASTIEN BERRIOT / RADIO FRANCE)

Ce jeune homme qui habite la ville de Wuhan, est très inquiet. Depuis dimanche, il n'a plus de nouvelles de sa compagne, une professeure de yoga qui était dans la manifestation pour réclamer l'arrêt des confinements. Elle a été arrêtée par la police pour avoir fait des photos et des vidéos du rassemblement. "Vers 23h35, je l'ai appelé au téléphone, raconte-t-il. Elle a dit qu'elle avait été emmenée dans une voiture de police avec d'autres personnes". Elle réussit à le joindre le lendemain. "Elle m'a dit qu'elle était détenue, accusée de trouble à l'ordre public, explique-t-il. Pendant la conversation, quelqu'un lui a pris son téléphone portable. Je ne sais pas dans quel commissariat elle a été placée en détention. Il n'y a pas eu de mandat d'arrêt. D'après les informations que j'ai pu avoir, elle pourrait être libérée le 3 décembre." 

>> Chine : pourquoi les manifestations contre la politique du "zéro Covid" font trembler le régime de Xi Jinping

Une détresse qui a poussé Wang Shengsheng, une avocate dans la province du Guangdong, à proposer ses services gratuitement. "J'ai vu quelqu'un qui avait posté sur Internet une demande d'assistance juridique en disant que son ami avait été emmené par la police, confie-t-elle à franceinfo. J'ai aussitôt publié mes contacts pour lui offrir gratuitement des conseils à lui et aux autres". Elle dit admirer "tous ces gens qui expriment leurs revendications". "Ils sont précieux parce que nous, les gens ordinaires, nous détestons aussi la politique sanitaire, explique-t-elle. Mais nous avons peur de l'exprimer ouvertement."

"Leur courage a surpassé celui de la plupart des gens de ce pays. C'est pour ça que je veux faire des choses pour eux. Aujourd'hui, ils sont menacés pour cela et ils risquent une punition. J'espère que mes conseils leur seront utiles".

Wang Shengsheng, avocate

à franceinfo

Proposer une assistance juridique est également risqué pour cette avocate qui explique faire elle-même l'objet de pressions et de menaces de mort. "L'administration de la justice me recherche par l'intermédiaire de mon cabinet d'avocats, affirme-t-elle. J'ai peur de répondre à leurs appels car je crains qu'ils m'interdisent de fournir une aide judiciaire à ces personnes." Elle assure qu'un représentant de l'administration est venu dans son cabinet d'avocats.

"On m'a avertie du risque d'accepter des interviews avec des médias étrangers. J'ai également reçu des appels téléphoniques menaçants et mettant en doute mes motivations."

Wang Shengsheng, avocate

à franceinfo

Wang Shengsheng dit qu'elle va plaider le respect des droits ordinaires que sont la liberté d'expression et de réunion. Elle ajoute qu'à aucun moment, les manifestants n'ont mis en péril l'ordre public.

A la suite des manifestations un peu partout dans le pays, plusieurs villes ont commencé à assouplir les restrictions sanitaires, comme l'abandon des tests quotidiens de masse, un des piliers fastidieux de la vie sous le règne du zéro Covid. À partir de vendredi, la métropole de Chengdu (dans le Sud-Ouest) n'exigera plus un résultat de test négatif récent pour entrer dans les lieux publics ou prendre le métro, mais seulement un pass sanitaire au vert, confirmant que son porteur n'a pas traversé une zone "à haut risque". Dans la capitale, Pékin, les autorités sanitaires ont appelé les hôpitaux jeudi à cesser de refuser des soins en l'absence de test PCR négatif datant de moins de 48 heures. 

En Chine l'entraide s'organise pour défendre les manifestants arrêtés : le reportage à écouter ici

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.